Septembre rouge
Il y a quelques mois, Delcourt a lancé une nouvelle collection consacrée à l'Uchronie : Jour J. Il s'agit dans chaque album de jouer avec l'Histoire et d'en changer le cours. Après la conquête russe de la Lune dans le premier album et l'occupation soviétique de Paris dans le second, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval se sont attaqués à la première guerre mondiale, imaginant que l'armée française perd la bataille de la Marne, livrant le pays aux Allemands... Ils se sont associés avec Florent Calvez, l'auteur de Milmo, U-29, Reanimator ou Nelson Lobster...
Le Tigre à Alger
Refusant la capitulation française de 1915, Georges Clemenceau, que l'on appelle Le Tigre, se réfugie à Alger avec ses fidèles pour continuer la lutte contre l'Allemagne. La France, elle, est envahie par les troupes de Guillaume II. Deux ans plus tard, la situation devient critique pour le premier ministre français. Son allié, Nicolas II, le tsar de Russie, s'apprête à négocier avec le Kaiser, mettant fin aux espoirs de reconquête de Clemenceau. Il décide d'engager l'ancien malfaiteur Jules Bonnot et celui qui avait mis fin à ses exactions en 1912, le commissaire Blondin.
De bonnes choses dans le scénario
Ceux qui aiment l'Histoire prendront sans doute une nouvelle fois un grand plaisir en parcourant cet album. L'idée d'une défaite française pendant la première Guerre Mondiale et d'un Clemenceau se réfugiant en Algérie pour mener la résistance est tout simplement excellente. Évidemment, on ne peut que penser au conflit de 39-45 avec De Gaulle à Londres. C'est aussi l'occasion de redécouvrir Georges Clemenceau, figure politique française quelque peu oubliée aujourd'hui. Il apparaît pugnace, intransigeant, roublard et sans pitié lorsqu'il s'agit des intérêts de l'État. On replonge également avec ce récit (qui aura un deuxième tome) dans les mouvances anarchistes de l'époque, Bonnot en étant une des principales figures, son engagement se doublant d'une activité criminelle qui le rendra célèbre. Avec cet album, il en devient presque sympathique. En tout cas il fait un agent secret efficace, même si tout cela s'éloigne pas mal de la réalité historique.
Ces éléments sont les points forts de cet album. Le scénario manque lui un peu de crédibilité. L'hypothèse de nos deux hommes partant assassiner le Tsar ne semble pas tout à fait réaliste même si chacun jugera si cela apparaît crédible ou non. Le principal écueil de cette bande dessinée se trouve dans les dessins. Le trait de Florent Calvez semble un peu figé, ce qui ne rend pas la lecture agréable, même s'il a le mérite de bien restituer l'époque. Dommage. L'album est finalement en demi-teinte, pas pleinement convaincant même si l'idée originale est particulièrement intéressante.