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Glyphes

Paul J. McAuley ( Auteur), Alain Brion (Illustrateur de couverture), Bernard Sigaud (Traducteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/10  -  Livre
ISBN : 9782253023500
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chloe   - le 27/09/2018

Glyphes

Paul McAulay est un écrivain britannique. Diplômé en botanique et en biologie,et après avoir exercé quelque temps le métier de chercheur universitaire, il se consacre désormais à plein temps à l'écriture. De styles variés – hard-science, space-opera (Quatre cent milliards d'étoiles, Sable rouge) en passant par l'uchronie (Les Conjurés de Florence) ou un peu tout à la fois (Cowboy Angels, Les diables blancs) –, ses romans ont été récompensés par de nombreux prix (prix Philip K. Dick, Arthur C. Clarke, John W. Campbell...).

Un mystérieux graffiti sur une vitrine

Alfie Flowers, la trentaine, photographe londonien excentrique, découvre un étrange graffiti peint sur la devanture d’un restaurant. Il s’agit, de plus qu'un simple tag contre la guerre en Irak : les motifs qui entourent le graff constituent un véritable glyphe, qui réveille en Alfie de vieux souvenirs enfouis.
En effet, il est devenu épileptique suite à un accident lorsqu’il était enfant, à la mort de son grand-père. Ce dernier, qui avait mené des fouilles archéologiques dans les années 1930 dans le Nord de l’Irak, avait découvert des glyphes aux pouvoirs méconnus mais puissants. Alfie s'est retrouvé par hasard confronté à l’un d’eux, ce qui l’a rendu particulièrement sensible à ce genre de figures abstraites. Son père, Mick Flowers, reporter-photographe, avait alors demandé de l’aide à un vieil ami pour lui procurer un traitement contre ses crises d’épilepsie. Mais peu après le dixième anniversaire d’Alfie, son père disparut dans des conditions mystérieuses lors d’une mission secrète à Beyrouth.
Ce graffiti signé Morph, qui utilise les mêmes motifs que ceux entrevus par Alfie durant son enfance, va le conduire à faire face à son passé et son histoire familiale, qu’il avait jusqu’ici refoulés. Avec l’aide de son ami journaliste et critique littéraire Toby Brown, Alfie part à la recherche de l’auteur des graffitis pour tenter de comprendre l’origine et la signification de ces glyphes qui l’ont marqué à tout jamais. Mais très vite ils se rendent compte qu’ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à Morph et à ses dessins très spéciaux : un marchand d’art, les services secrets britanniques, des individus peu recommandables… tous se lancent à la poursuite de Morph, et c’est à qui sera le premier à le retrouver…

L'Irak comme point d’ancrage

Aux frontières du fantastique, de la science-fiction, du polar et du thriller, Glyphes est divisé en deux grandes parties. La première, « La quête », comprend les deux tiers du roman et se déroule à Londres, où l’on suit pas à pas les découvertes d’Alfie sur son passé et sur le pouvoir des glyphes, ainsi que sur les implications politiques de cette forme d’expression hors du commun. La seconde partie,  « La source », se passe en Turquie et en Irak, pays d’origine de ces symboles.
Le contexte choisi par Paul McAuley pour son roman, la guerre d’Irak – il situe son texte en 2004, un an après la « libération » et le début de l'occupation du pays par les Américains – lui permet également de revenir sur l’histoire complexe du peuple Kurde. Il utilise donc une base historique très contemporaine.
Comme dans bon nombre de romans policiers, les services secrets britanniques et américains (MI-5, MI-6, SOE, CIA) sont mis à contribution et demeurent en partie les acteurs de cette enquête sur une forme dangereuse de manipulation du cerveau. L'auteur s'interroge sur les possibles applications des drogues dans le contrôle des individus, et fait donc tout naturellement référence en passant au MK-ULTRA, programme de la CIA qui avait pour objectif de tester les différents usages possibles de psychotropes afin de contrôler l'esprit humain – programme dont le cinéma s'est très récemment inspiré, avec Les Chèvres du Pentagone de Grant Heslov. Si le propos de Paul McAuley est complètement fictionnel, il ne fait donc pourtant que développer une éventualité tout à fait plausible : la recherche de la maîtrise de la psyché, à l'aide de drogues et de motifs hypnotiques.

Le pouvoir des images sur l'esprit

Le postulat de base utilisé par l'auteur n'est d’ailleurs pas uniquement le fruit de son imagination, mais il s'est appuyé, comme il l'indique dans les remerciements, sur les théories de David Lewis-William (The Mind in the Cave). Présentés comme d'origine très ancienne, motifs pariétaux déjà utilisés dans l'art paléolithique, les glyphes, similaires aux phosphènes – ces phénomènes entoptiques créés par le cerveau et qui s'impriment sur la rétine – sont liés aux rituels du chamanisme et autres cérémonies initiatiques. Leur impact ne se révèle que par l'absorption de drogue, qui amène à l'état de transe nécessaire. Mind's Eye, le titre en langue originale, est en effet bien plus évocateur à ce sujet.
Entre de mauvaises mains, ou utilisés à mauvais escients, ces glyphes peuvent se révéler très dangereux, comme Alfie va s'en rendre compte. Les « low man », ces êtres humains en quelque sorte possédés par ces motifs, n'en sont qu'un exemple. Fascinants, les glyphes peuvent provoquer des comportements obsessionnels et compulsifs. Rölf Most, l'ancien psychiatre qui cherche à tout prix à mettre la main sur la source de ces images, s'est laissé peu à peu gagner à leur contact par la folie et par ses rêves de pouvoir. C'est pour cela qu'Harriet Crowley, qui collabore avec les services secrets, et qui elle aussi a été confrontée dès le plus jeune âge au pouvoir des glyphes, va tenter de gagner la course contre la montre pour retrouver Morph, tout en essayant de protéger Alfie.
Le roman s'inscrit dans un cadre urbain, puisqu'une grand part de l'action se déroule dans les rues et banlieues de Londres, sur le macadam, dans les hangars ou les immeubles HLM, jusqu’aux bidonvilles de Turquie, décors aussi sombres que les motivations de Rölf Most et ses acolytes et espaces de vie propices à l'art du graffeur. Mais tout n'est pas complètement pessimiste, et l'auteur délivre un message d'espoir et de paix en conclusion de son ouvrage.

(Juste) un bon divertissement

Glyphes est un bon divertissement, au contexte historique et politique très prégnant. L'équilibre entre fiction et réalisme est atteint, pour composer un récit sans temps morts et suspendu aux avancées d'Alfie Flowers et d'Harriet Crowley. Plutôt thriller fantastique que récit de science-fiction, il fait mouche… mais pas complètement. Malgré ses qualités, il manque quelque chose de plus pour « fasciner » le lecteur jusqu’au dénouement, car la fin, un peu facile, ne met pas en valeur l’ensemble du roman, pourtant bien écrit.

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