Les Cent mille royaumes

De N. K. Jemisin, on ne sait pour l'heure pas grand-chose. Américaine, elle vit à Brooklyn, est une habituée des blogs et écrit depuis son plus jeune âge. Cent mille royaumes est son premier roman de fantasy, traduit en français par Orbit.

 

 

Alors qu'elle vit dans un royaume au nord de l'Empire, Yeine est rappelé à la cour juste après l'assassinat de sa mère. Son Empereur de grand-père souhaite qu'elle prenne part à la course pour sa succession. Une idée dangereuse car dans l'histoire des cent mille royaumes, rares sont les candidats à avoir survécus à un échec. Sur place, elle découvre un nouveau monde, celui des courtisans avec les coups bas et les manœuvres politiques que cela implique. Un monde cruel pas vraiment disposé à la voir entrer dans le subtil jeu de la cour. Elle espère surtout en savoir un peu plus sur les assassins de sa mère et découvrir qui est derrière sa mort.

 

Si la thématique de la jeune fille débarquant à la cour et découvrant sa cruauté est un poncif de la fantasy, il faut reconnaître au premier tome de cette trilogie quelques idées intéressantes. D'abord son héroïne est loin d'être une simple proie ignorante. Si elle va devoir apprendre rapidement les us et coutumes du vaste palais de son grand-père, elle possède quelques arguments pour se défendre face aux courtisans et aux deux autres prétendants au trône. Ensuite N. K. Jemisin a réussi à faire de la bâtisse un élément principal dans son récit. Elle possède une magie qui lui est propre et est totalement déroutante pour les visiteurs, avec des ascenseurs qui emmènent leurs passagers dans des endroits étranges, des pièces mystérieuses, et un bon nombre de surprises et de recoins cachés dans son immensité. En cela, il a un lointain cousinnage avec l'école d'Harry Potter.
Autre point fort de l'intrigue des Cent mille royaumes : la présence de dieux qui vont entrer en contact avec Yeine et essayer de l'utiliser. Des dieux très accessibles, très humains lorsque l'on met de côté leurs formidables pouvoirs, mais qui jouent un grand rôle dans la course à la succession, sans pour autant dévoiler leurs véritables desseins même lorsqu'ils décident de l'aider... La relation qu'ils ont avec l'héroïne est un des point clefs de l'intrigue, en tout cas l'un des plus intéressants.

 

Tout cela joue donc en faveur de ce premier roman même si quelques longueurs dans la première partie refroidissent un peu les ardeurs. On a parfois le sentiment que N. K. Jemisin tourne un peu autour du pot. Néanmoins, sans être pour l'instant pleinement enthousiasmant, Cent mille royaumes possède une touche d'originalité qui nous fait dire qu'il faudra surveiller la suite de cette série de fantasy. Quant à son auteur, il faudra sans doute compter avec elle à l'avenir.