Le Traité des supplices

S'il a commencé par des romans de science-fiction et de fantasy, Nicolas Bouchard se frotte depuis le début des années 2000 au domaine du policier historique, et ce avec un certain succès puisqu'il a obtenu en 2003-2004 le Prix des Incorruptibles pour son roman policier : La Ville noire. Côté littérature de l'imaginaire, on signalera Astronef aux enchères, Le réveil d’Ymir et L'Empire de poussière. Pour le policier historique, outre La Ville noire, il a signé Mon ombre s'étend sur vous et Et le ciel s'embrasera, trois romans dans lesquels il met en scène le personnage d'Augustine Lourdeix. Son nouveau roman, Le Traité des supplices, fait appel à Marie Adélaïde Lenormand, une jeune voyante que les lecteurs ont déjà rencontrée dans La Sybille de la révolution.

 

 

Le 5 août 1794, la France est en ébullition. Après de longs mois d'horreur, la Terreur prend fin avec la mort de Robespierre. À Lyon, un petit groupe de courageux découvre un spectacle d'horreur dans la prison dites des Recluses. Dans les sous-sols, ils tombent sur des corps affreusement mutilés, victimes d'abominables tortures. Tout accuse Fouché qui commandait la place. Les quatre hommes décident alors de le poursuivre pour réclamer vengeance. Leur quête les emmène à Paris où le sinistre personnage se cache de la Convention qui veut le juger elle aussi pour ses crimes. Une traque qui leur fera croiser le chemin de Marie Adélaïde Lenormand, cartomancienne surdouée en proie à de terribles visions.

 

 

Le Traité des supplices est un thriller historique classique. Les héros de Nicolas Bouchard sont à la recherche d'un tueur qui aime particulièrement faire souffrir ses victimes. Il agrémente son enquête de passages glauques et sinistres, ne nous épargnant aucun détail dans des scènes de torture qui atteignent des sommets de perversion et de cruauté. Si on retrouve avec plaisir sa jeune héroïne, qui est ici particulièrement vulnérable, son don étant altéré par les affreuses visions qui la hantent, le déroulé du récit est un peu cousu de fil blanc. Ses inévitables révélations et coups de théâtre ne sont pas assez originaux pour effacer l'impression de déjà-vu. La traque d'un tueur en série, aussi sadique soit-il, est une thématique largement explorée en littérature et au cinéma. On accordera en revanche à Nicolas Bouchard un certain savoir-faire en matière de suspense. À défaut d'être surprenant, son roman est efficace, donnant envie de tourner les pages. Le cadre est également bien choisi, la période trouble de la révolution française, et tout particulièrement de la fin de la Terreur, donne une grande latitude au monstre pour ses crimes et à ses poursuivants pour le traquer. L'auteur rend assez bien l'atmosphère parisienne de cette année 1794, en plein bouillonnement entre anciens révolutionnaires, nouveaux républicains et anciens royalistes rêvant de revanche. Les amateurs d'Histoire apprécieront de se replonger dans les rues de Paris en cette fin de XVIII^ème siècle.

 

S'il n'est pas pleinement satisfaisant (on n'a pas évoqué non plus certaines maladresses dans les dialogues, sonnant faussement XVIII^ème), Le traité des supplices a le mérite d'être un roman distrayant, sans conséquence, à condition de supporter les chapitres les plus dérangeants.

Sans doute un roman mineur dans la bibliographie de Nicolas Bouchard...