Amortels

Matt Forbeck est, de par son activité professionnelle, un concepteur de jeux américain. Grand joueur lui-même, il aime les mondes cohérents et les aventures prenantes. Il est aussi écrivain, sa série Bloodbowl ayant déjà été traduite en français.

Éternel agent des services secrets

Ronan Dooley se réveille, un peu surpris. Il est mort, il vient d'être tué pour la huitième fois. Assassiné cette fois, plus précisément. D'ordinaire, en tant que garde du corps, il se fait plutôt tuer pour protéger une personnalité... Voici deux cents ans qu'il vit ainsi. Bien sûr, il n'a aucun souvenir du meurtre, puisque son esprit a été sauvegardé voici quelque temps. Dès qu'il est remis du choc de la vidéo tournée par son assassin, le voilà lancé à la poursuite du tueur.

Ronan est un solitaire. Pourtant, pour cette enquête, son chef lui a mis dans les pattes une jeune recrue. Il s'en serait bien passé, mais il semble que ce soit lui-même (celui qui est mort) qui a demandé à avoir cette aide. Très vite, les événements s'enchaînent et la vie de Dooley devient infernale. Les attaques se succèdent, détruisant même son loft, l'entraînant sur des pistes, vraies ou fausses.

Le pire, c'est que tous les indices mènent à la même personne : lui-même. Qui est derrière cette affaire ? Quel formidable secret risque-t-il d'être mis au jour ? Ronan Dooley va devoir aller au-delà de ses limites pour trouver la clé.

Classique et efficace

Clones, mafias, complots... Voici des ingrédients qui ont déjà été largement exploités. Rajoutez un peu de technologie furturiste et vous n'êtes pas loin d'une sorte de Blade Runner moderne. Déjà lu, donc ? Non, pas du tout. Ce n'est pas toujours l'originalité de l'œuvre qui en fait la qualité. Le style, l'écriture et le rythme font beaucoup pour rendre un livre intéressant.

Clairement, Matt Forbeck ne prend rien au sérieux. Si le fil de l'histoire vient de Phillip K.Dick, le ton, lui est totalement décalé, l'humour désamorçant les situations les plus tragiques en y ajoutant un second degré rafraîchissant. Un vrai ton de polar de la meilleure époque, où le héros lui-même semble vivre dans un univers à part de la réalité du livre. Ce qui est un peu vrai, puisque Dooley est "Amortel" et ne peut donc pas réellement mourir - dans le sens de disparaître.

Amortels n'est pas un chef-d'œuvre du polar, peut-être, mais il nous raconte avec humour et simplicité une belle histoire de science-fiction.