Le Vampire
La collection Sirius poursuit son exploration du mythe des vampires avec ce nouveau volume qui regroupe une pièce d'Alexandre Dumas et un traité de Collin de Plancy.
Alexandre Dumas est un emblème de la littérature française. Amateur de théâtre, Il écrit d'abord des vaudevilles à succès et des drames historiques comme Henri III et sa cour (1829), Kean (1836), Caligula (1837)...
Il s'oriente ensuite vers le roman historique avec l'aide de "nègres" (et en particulier d'Auguste Maquet) qui ont participé à la plupart de ses fresques telles que la trilogie Les Trois Mousquetaires (1844), Le Vicomte de Bragelonne (1847), ou encore Le Comte de Monte-Cristo (1844 -1846) et La Reine Margot (1845). Amateur de cuisine et fin gourmet, il écrit le Grand dictionnaire de cuisine, qui sera publié après sa mort en 1873, d'après son manuscrit de 1870.
Collin de Plancy était un libre-penseur influencé par Voltaire. Son oeuvre la plus importante est son Dictionnaire infernal, rassemblant toutes les connaissances de l'époque sur les superstitions et la démonologie. Publié pour la première fois en 1818, il a connus six versions éditées du vivant de l'auteur avant qu'en 1839, de retour de Hollande, Collin de Plancy se réconcilie avec Dieu et la foi catholique. En 1841, Il rendra publique sa conversion, tout en déclarant condamner et fouler aux pieds tout ce qu'il a écrit contre la foi et les mœurs, et, touts ses ouvrages afficheront désormais l'approbation épiscopale.
En 2010, Delmas, sort une nouvelle édition de son oeuvre majeur sous le nom de Dictionnaire infernal ou Recherches et anecdotes sur tout ce qui tient aux apparitions.
"Le Vampire" de Polidori, à Dumas, en passant par Nodier
Enfin en 1819, Polidori écrit Le Vampyre, basé sur un brouillon de Lord Byron durant leurs vacances d'été à la Villa Diodati. Polidori faisait du vampire, jusqu'alors féminin, un monstre masculin sous les traits séduisant d'un dandy, Lord Ruthven, emprunté à Lord Byron lui-même. On lui attribue la paternité du vampirisme dans la littérature avec cette oeuvre.
C'est de Polidori et de son roman, qu'en 1820, Cyprien Bérard, alors directeur du théâtre de Vaudeville, et Charles Nodier écrivent Lord Ruthwen ou les Vampires, qui inspirera le mélodrame intitulé Le Vampire, de Carmouche et Jouffroy, avec la collaboration incognito de Charles Nodiers.
Et c'est de ces inspirations et reprises de l'oeuvre originale de Polidori, que Dumas découvre le fantastique et crée par la suite, en 1851, sa pièce de théâtre Le vampire, tenant à la fois de l'hommage et du pastiche.
Vampire, vous avez dit Vampire?
Alors qu'un aubergiste va marier sa fille et ferme les portes de sa taverne, des voyageurs attardés dans la nuit se replient vers le sinistre château espagnol de Tormenar. Parmi eux, Juana, partie retrouver l'homme qu'elle aime, Gilbert de Tiffauges, gentilhomme breton, et Lord Ruthwen rejoignant ces voyageurs bien plus tard.
Cette nuit sera le théâtre macabre de la Grande Faucheuse, plongeant Gilbert de Tiffauges dans une profonde culpabilité pour la mort de Juana et le meurtre accidentel de Lord Ruthwen qui lui pardonnera dans son agonie.
Mais ce que le gentilhomme ne verra pas, ce sera le réveil du vampire sous les rayons de la lune...
Petit meurtre entre amis
Le Vampire de Dumas est vraisemblablement l'un de ses plus mauvais récit. Tout au plus pourra-t-on le lire par acquis de conscience. Prisonnier de la morale et de stéréotypes religieux, il est un pastiche des superstitions de l'époque ce qui donne de nos jours un côté très kitsch à l'ensemble de l'histoire. On dit que la pièce souffre des défauts de son modèle (les forfaits à répétition du sinistre Ruthwen), mais le personnage du vampire est de loin son atout principal en étant le seul vrai être maléfique face à des héros naïfs et une goule amoureuse...
Le traité de Collin de Plancy Histoire des Vampires et des Spectres Malfaisant, qui suit la pièce et clos le livre, rassemble les légendes d'une époque encline à l'irrationnelle. Sans profondeur, les chapitres s'enchainent et portent sur trop de sujets à la fois pour avoir plus qu'un simple intérêt historique. Il donne l'impression de n'être que l'héritier de journaux à sensation...
Quant au prologue, il nous donne une fausse interprétation de ce qui viendra clore ce livre en nous parlant de Nodier et de sa pièce, du Paris gothique et romantique dans ce siècle bouleversé par les sciences et l'art, et tiraillé par les révolutions.
Une déception...