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Les Lavandières de Brocéliande

Aux éditions : 
Date de parution : 09/05/12  -  Livre
ISBN : 9782702143223
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Jacquemine   - le 31/10/2017

Les Lavandières de Brocéliande

Né en 1954, Édouard Brasey fut d’abord journaliste avant de consacrer tout son temps à l’écriture. Il s’est spécialisé dans les contes, les récits fantastiques ou féériques. Auteur de pas moins de soixante-dix ouvrages, on lui doit notamment L'Encyclopédie du merveilleux ou encore le cycle de La Malédiction de l’anneau. Les Lavandières de Brocéliande est son dernier roman en date.
 
Une mort mystérieuse au pays des légendes
 
Brocéliande, 1943. Au matin de la Toussaint, Gwenn, jeune lavandière, trouve le corps de l’une de ses consœurs  au fond du lavoir. Cette découverte macabre secoue le petit village de Concoret situé en lisière de forêt.
Au milieu de cette population renfermée où tout le monde se connaît, Loïc le charbonnier, bouc émissaire du village, semble être le coupable idéal.
La mère de la victime, quant à elle, pointe le doigt vers Brocéliande et accuse les lavandières de la nuit, créatures maudites dont la légende affirme qu’elles sont condamnées à laver le linge souillé du sang de leurs enfants mort-nés.
Car quiconque se rend au lavoir en pleine nuit alors qu’elles s’attèlent à leur sordide besogne n’en revient jamais…
 
Un roman où se mêlent Histoire et merveilleux
 
Sur fond de guerre et d’enquête policière, Édouard Brasey dépeint habilement le quotidien d’un village en 1943 : la méfiance et le dégoût lorsque les soldats allemands viennent s’approvisionner dans les commerces, les mœurs strictes, les différents modes de vie du bourg à la lisière de la forêt, les mots de patois ou encore la façon de s’exprimer des différents personnages.
Car le livre ne vaut pas particulièrement pour le mystère qui entoure la mort suspecte de la jeune Annaïg mais davantage pour la reconstitution d’un village replié sur lui-même où chaque personne garde jalousement ses secrets.
L’auteur nous propose une immersion totale dans un village sous l’occupation. Si la présence allemande ternit clairement le paysage verdoyant et mystique de Brocéliande, ce n’est rien face aux a priori et aux commérages des villageois. Rien n’est meilleur pour tuer toute féerie que la nature humaine.
 
Beaucoup de personnages, peut-être trop...
 
Outre un travail de reconstitution soigné, l’auteur propose une galerie de personnages très différents les uns des autres.
Au lieu de se contenter du regard de Gwenn sur les événements, l’auteur n’hésite pas à changer de point de vue à presque chaque chapitre.
Si cela permet de mettre en relief la complexité de certaines relations (Hubert de Montfort et sa future belle-fille, par exemple), les personnages employés peuvent donner l’impression de ne pas être assez creusés. Le lecteur reste alors sur sa faim.
Sans parler du fait que la jeune Gwenn, pilier central du roman, semble avoir été oubliée pendant quelques chapitres.
 
Attardons-nous sur ladite Gwenn : jeune, jolie, un franc-parler connu et reconnu à Concoret, orpheline, pleine de compassion, peu portée sur les commérages au contraire de ses consœurs lavandières…
Vous l’aurez compris, ce personnage sort trop peu des sentiers battus, il est tout simplement trop parfait… C’est d’ailleurs ce qui le rend si facile à laisser de coté pour plusieurs chapitres d’affilée. 
 

En bref, un roman agréable qui vaut surtout pour l’immersion réussie dans un village dont les croyances oscillent entre catholicisme et superstitions liées aux légendes plutôt que pour l’enquête policière. Un riche panel de personnages bien qu’ils soient parfois trop peu exploités.
A noter, par ailleurs, l’ambiguïté bien menée entre phénomènes explicables et légendes mystiques.

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