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Voisins d'ailleurs

Gilles Goullet (Traducteur), Pierre-Paul Durastanti (Traducteur), Michel Lederer (Traducteur), Clifford D. Simak ( Auteur), Sam Van Olffen (Illustrateur de couverture), P.J. Izabelle (Traducteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/12  -  Livre
ISBN : 9782070439669
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chloe   - le 31/10/2017

Voisins d'ailleurs

Clifford D. Simak est un auteur américain de science-fiction, fils d’un fermier immigré tchèque. Après ses études, il devient instituteur, puis journaliste, en publiant parallèlement des nouvelles de science-fiction dans des revues de l’âge d’or telles que Amazing Stories, Wonder Stories, Astounding Science Fiction et Galaxy Science Fiction.

Clifford D. Simak est notamment célèbre pour ses très nombreuses nouvelles, dont le recueil romanesque Demain les Chiens, mais est également l’auteur de nombreux romans, dont Au carrefour des étoiles, qui a reçu le prix Hugo en 1964. Parmi les nouvelles du recueil Voisins d’ailleurs, La Grotte des cerfs qui dansent (1980) a reçu les prix Nebula Analog, Locus et Hugo.

Un air de famille

Voisins d’ailleurs compile des nouvelles de Clifford D. Simak qui ont toute un point commun : la rencontre avec l’Autre. Celle d’une machine extraterrestre qui offre à chaque être humain qui la touche un cadeau correspondant à sa personnalité ; un bidule venu d’un autre monde qui se noue d’amitié avec un jeune garçon ; un voisin tellement parfait qu’il aide toute sa communauté en la protégeant du monde extérieur ; à une époque où l’Homme a évolué vers un cartésianisme total, un étrange artiste imprègne ses œuvres d’une symbolique oubliée ; si nous avions l’opportunité de guérir de tous les maux, à quoi pourrait-on s’attendre ? ; un moteur temporel issu du néant qui résiste à la compréhension humaine ; des photographies plus vraies que nature ; un artiste préhistorique iconoclaste ; des entités d’un autre temps qui resurgissent des profondeurs.

Une incursion dans la SF humaniste

Les nouvelles que l’on trouve dans ce recueil ont été rassemblées par ordre chronologique. Il s’agit d’un choix très pertinent car cela permet au lecteur de voir l’évolution des thèmes utilisés par l’auteur, surtout dans la manière de les traiter en fonction du moment où il les a écrites. D’une SF bucolique et optimiste au début des années 1950, où l’Autre est porteur d’espoir, de progrès et d’échange (La Maternelle, Le Bidule, Le Voisin), on passe peu à peu à un univers plus ambigu, (Un Van Gogh de l’ère spatiale, La fin des maux), pour atteindre une tension et une inquiétude palpables dans les dernières nouvelles, Le puits siffleur pouvant presque faire penser à une œuvre de Lovecraft.

Une impression prédomine à la fin de la lecture, c’est celle du charme suranné de ces textes d’un temps différent du nôtre. La campagne est quasiment omniprésente, ce qui n’étonnera personne puisque Clifford D. Simak est né dans le Wisconsin et a exercé le métier d’agriculteur. Elle est, dans ces nouvelles, à la fois le lieu qui isole les protagonistes mais aussi celui qui permet la rencontre, de par sa situation isolée, dans une même configuration que celle mise en scène par l’auteur dans Au Carrefour des étoiles. Dans La Maternelle ou Le Bidule, la campagne accueillante favorise la curiosité de ceux qui découvrent les artefacts. La situation de retrait des lieux choisis par les visiteurs dans Le Voisin, La Photographie de Marathon ou La Grotte des cerfs qui dansent leur permettent de dissimuler leur existence au plus grand nombre.

La campagne isolée est fortement liée à un autre thème dominant de ces textes, les grottes, souterrains et profondeurs, où se camouflent au regard les « voisins d’ailleurs », d’un autre espace ou d’un autre temps. L’artiste peintre de Un Van Gogh de l’ère spatiale recherche l’essence même de son art dans les terriers des habitants d’une planète lointaine de la frange galactique. Les grottes sont les lieux choisis par les personnages de La Photographie de Marathon et La Grotte des cerfs qui dansent pour y cacher leur différence mais également pour attirer l’attention de ceux qu’ils attendent. Les créatures du Puits siffleur ont quant à elles été éveillées parce que l’on a creusé au plus profond de la terre.

Le thème de la religion et des croyances fait son apparition dans trois des nouvelles : Un Van Gogh de l’ère spatiale, La Photographie de Marathon, Le Puits siffleur. Dans cette dernière, il s’agit d’une croyance très ancienne, qui remonte au temps des dinosaures, alors que dans la première, l’auteur confronte la logique rationnelle d’un monde mathématique maîtrisé à l’irrationnel de la foi et de l’art.

Avec Voisins d’ailleurs, on est plongé dans un paradoxe. Dans le contexte un peu désuet d’un monde très différent du nôtre, où il n’y a pas encore toutes ces technologies de la communication qui nous tiennent dans une constante information et connexion avec le monde extérieur – par exemple, dans La Maternelle, il suffit au personnage principal de couper la ligne téléphonique de sa ferme pour être tranquille un bon moment – , qui apporte ce charme particulier à ces textes, la machine tient pourtant une place centrale et fondamentale. C’est une machine qui est envoyée par une autre civilisation pour prendre contact avec nous dans La Maternelle ; Le Bidule est un vaisseau spatial égaré ; Le Voisin met en scène un visiteur qui utilise des technologies incompréhensibles aux yeux des simples citoyens de la petite bourgade où il a élu domicile ; La fin des maux nous est offerte grâce à une technologie médicale supérieure ; Le cylindre dans le bosquet de bouleaux est bien évidemment centré autour d’un artefact technologique avancé ; La Photographie de Marathon met aussi en avant de nouvelles techniques inconnues, etc.


Si certains textes de ce recueil seront vite oubliés par le lecteur, en raison d’une construction de l’intrigue laissant à désirer (Un Van Gogh de l’ère spatiale, La Photographie de Marathon, Le Puits siffleur), la majorité d’entre eux retiendront cependant l’attention, comme La Maternelle, Le Voisin, La fin des maux ou La Grotte des cerfs qui dansent, de par la sensibilité et la poésie d’une autre époque qu’ils recèlent.

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