Clifford D. Simak est un auteur américain de science-fiction, fils d’un fermier immigré tchèque. Après ses études, il devient instituteur, puis journaliste, en publiant parallèlement des nouvelles de science-fiction dans des revues de l’âge d’or telles que
Amazing Stories,
Wonder Stories,
Astounding Science Fiction et
Galaxy Science Fiction.
Clifford D. Simak est notamment célèbre pour ses très nombreuses nouvelles, dont le recueil romanesque
Demain les Chiens, mais est également l’auteur de nombreux romans, dont
Au carrefour des étoiles, qui a reçu le prix Hugo en 1964. Parmi les nouvelles du recueil
Voisins d’ailleurs,
La Grotte des cerfs qui dansent (1980) a reçu les prix Nebula Analog, Locus et Hugo.
Un air de famille
Voisins d’ailleurs compile des nouvelles de Clifford D. Simak qui ont toute un point commun : la rencontre avec l’Autre. Celle d’une machine extraterrestre qui offre à chaque être humain qui la touche un cadeau correspondant à sa personnalité ; un bidule venu d’un autre monde qui se noue d’amitié avec un jeune garçon ; un voisin tellement parfait qu’il aide toute sa communauté en la protégeant du monde extérieur ; à une époque où l’Homme a évolué vers un cartésianisme total, un étrange artiste imprègne ses œuvres d’une symbolique oubliée ; si nous avions l’opportunité de guérir de tous les maux, à quoi pourrait-on s’attendre ? ; un moteur temporel issu du néant qui résiste à la compréhension humaine ; des photographies plus vraies que nature ; un artiste préhistorique iconoclaste ; des entités d’un autre temps qui resurgissent des profondeurs.
Une incursion dans la SF humaniste Les nouvelles que l’on trouve dans ce recueil ont été rassemblées par ordre chronologique. Il s’agit d’un choix très pertinent car cela permet au lecteur de voir l’évolution des thèmes utilisés par l’auteur, surtout dans la manière de les traiter en fonction du moment où il les a écrites. D’une SF bucolique et optimiste au début des années 1950, où l’Autre est porteur d’espoir, de progrès et d’échange (
La Maternelle,
Le Bidule,
Le Voisin), on passe peu à peu à un univers plus ambigu, (
Un Van Gogh de l’ère spatiale,
La fin des maux), pour atteindre une tension et une inquiétude palpables dans les dernières nouvelles,
Le puits siffleur pouvant presque faire penser à une œuvre de Lovecraft.
Une impression prédomine à la fin de la lecture, c’est celle du charme suranné de ces textes d’un temps différent du nôtre. La campagne est quasiment omniprésente, ce qui n’étonnera personne puisque Clifford D. Simak est né dans le Wisconsin et a exercé le métier d’agriculteur. Elle est, dans ces nouvelles, à la fois le lieu qui isole les protagonistes mais aussi celui qui permet la rencontre, de par sa situation isolée, dans une même configuration que celle mise en scène par l’auteur dans
Au Carrefour des étoiles. Dans
La Maternelle ou
Le Bidule, la campagne accueillante favorise la curiosité de ceux qui découvrent les artefacts. La situation de retrait des lieux choisis par les visiteurs dans
Le Voisin,
La Photographie de Marathon ou
La Grotte des cerfs qui dansent leur permettent de dissimuler leur existence au plus grand nombre.
La campagne isolée est fortement liée à un autre thème dominant de ces textes, les grottes, souterrains et profondeurs, où se camouflent au regard les « voisins d’ailleurs », d’un autre espace ou d’un autre temps. L’artiste peintre de
Un Van Gogh de l’ère spatiale recherche l’essence même de son art dans les terriers des habitants d’une planète lointaine de la frange galactique. Les grottes sont les lieux choisis par les personnages de
La Photographie de Marathon et
La Grotte des cerfs qui dansent pour y cacher leur différence mais également pour attirer l’attention de ceux qu’ils attendent. Les créatures du
Puits siffleur ont quant à elles été éveillées parce que l’on a creusé au plus profond de la terre.
Le thème de la religion et des croyances fait son apparition dans trois des nouvelles :
Un Van Gogh de l’ère spatiale,
La Photographie de Marathon,
Le Puits siffleur. Dans cette dernière, il s’agit d’une croyance très ancienne, qui remonte au temps des dinosaures, alors que dans la première, l’auteur confronte la logique rationnelle d’un monde mathématique maîtrisé à l’irrationnel de la foi et de l’art.