La Traque du Sans-Nom

Antoine Carrion est dessinateur. Après une première série chez Casterman, No Pasaran, sur un scénario de Christian Lehmann, il travaille sur Temujin aux éditions Daniel Maghen avec Antoine Ozanam en 2004.

Chasse au pouvoir

Rien ne va plus au royaume de Etelkoz. Le roi Benedek se meurt d' empoisonnement et chacun se prépare pour prendre sa place, alors que l'héritier est déjà désigné : c'est son fils, le prince Mozes, qui doit monter sur le trône. Dans le secret les différents prétendants ne rêvent que d'une chose, que le prince meure avant son père pour avoir les coudées franches vers le pouvoir.

Alors quand ce dernier disparaît dans la campagne autour du château, l'aubaine est trop belle pour la laisser passer. Chaque prétendant se met en route pour retrouver le fils du roi et se rapprocher du trône tant convoité.

Une danse macabre pour un cadavre en devenir

Cette album malgré une couverture assez austère et froide cache un véritable scénario prenant et plein de surprises. En effet dans un monde dur et sans pitié aux couleurs d'un sombre Moyen-Age, les personnages tissent leurs toiles pour gagner en pouvoir. Dans un mélange de violence, trahison, complots et meurtres, l'auteur nous propose une histoire riche en suspense et en rebondissements. Entre la mort annoncée d'un roi, la disparition de l'héritier, la traque d'une bête immonde et le jeu de chaise musicale de chacun des prétendants, le lecteur n'a guère le temps de s'ennuyer.

Les différents acteurs de cette course vers le trône et leurs machinations sournoises font de cet album une réussite. L'intrigue de base reste assez classique mais rapidement se transforme au fil des agissements de chacun, donnant ainsi une multitude de pistes au lecteur avide de connaître enfin les réponses à ses questions. Mais toutes ne seront pas au rendez-vous, car Antoine Ozanam sait ménager ses effets. Alliant tension et rythme soutenu, le récit emporte très facilement le lecteur dans cet univers médiéval.

Les dessins et les couleurs sont parfaitement dans le ton et l'ambiance de l'histoire. Des traits durs et peu de rondeurs donnent un peu plus de brutalité au récit. On ressent en tournant les pages les bassesses de l'âme humaine, dans un monde qui fait froid dans le dos. Cet album semble à l’instar des beaux jours qui se font attendre, accompagner notre hiver qui se meurt.

On le conseillera à tout amateur de fantasy travaillée, qui aime autant le contenant que le contenu.