Juste à temps

Philippe Curval est une référence incontournable de la science-fiction française. Romancier prolixe et critique infatigable (dans Fiction, Le Monde ou le Magazine littéraire), son œuvre a été récompensée par de nombreux prix : le prix Jules Verne pour le Ressac de l’espace, de l’Imaginaire pour l’Homme à rebours, ou encore Apollo pour Cette chère Humanité. Il nous livre cette fois avec Juste à temps un ouvrage fascinant empreint de nostalgie.

Un cinéaste à la recherche de l’inspiration

Simon Cadique, réalisateur de série télé, revient dans la ville de son enfance afin de mettre en route son dernier film : il souhaite retracer l’épopée des frères Caudron, deux fils de la paysannerie picarde, qui contribuèrent aux débuts de l’aviation. Mais des événements étranges commencent à affecter la baie de Somme, et Simon va se trouver entraîné dans un extraordinaire voyage...

Un monde changeant et en mouvement

Le roman débute à la manière d’un roman fantastique, avec une réalité qui bascule : le quotidien et la routine des personnages s’en trouvent bouleversés. Intrusion du fantastique qui coïncide avec la venue de Simon Cadique, réalisateur qui retourne aux sources afin de retrouver l’inspiration et peut-être s’autoriser un nouveau départ. Puis les phénomènes étranges qui affectent la baie de Somme trouvent leur explication, et c’est en compagnie du héros que le lecteur parcourt cette région de Picardie, à travers le temps et l’espace. Le procédé (les marées du temps) utilisé par l’auteur pour faire voyager les héros à travers le temps est astucieux, et permet de mettre en perspective les différentes époques traversées : mœurs différentes, mais l’humanité ne change pas, au fond, avec la volonté de certains de laisser une trace dans l’histoire.

Le récit est bien mené, et les excursions dans le passé lui donnent un charme désuet : les marées permettent finalement aux protagonistes qui en sont le jouet de réaliser leurs rêves, de retrouver un passé à la fois familier et rêvé. Ainsi de Simon dont la vision des choses est bouleversée par ses différentes rencontres. La baie de Somme est décrite avec une multitude de détails, et prend vie avec ses habitants, quelle que soit l’époque où l’auteur la met en scène. On finit par s’attacher à l’endroit, à l’image du héros dont tous les souvenirs reposent là-bas.

Réflexion sur l’imaginaire et le processus de création, ainsi que sur l’inéluctabilité du temps qui passe, ce roman nous convie à un voyage fascinant à travers le temps, dans un kaléidoscope d’images saisissantes et mouvantes. Un très beau roman en somme, qu’on vous invite à découvrir !