La Grande Route du Nord

Portrait en pied de l’auteur 

 

Depuis le mitan des années 1990, l’auteur Peter F.Hamilton, s’est imposé en publiant des cycles (L’alchimiste du neutronium, la Trilogie du vide, L’Étoile de Pandore) où il a réussi à marier hard science et space opera avec un certain brio. Avec La grande route du nord, Hamilton essaie de marier anticipation, space opera et… polar. Et pourquoi pas après tout ? Voyons ici s’il réussir à tenir la route (et à nous tenir en haleine, accessoirement).

 

2143, à Newcastle, devenue très prospère depuis qu’on y a ouvert un portail donnant au biocarburant produit sur la planète St Libra, un homme est retrouvé assassiné. Il s’agit d’un North, un clone issu d’une dynastie qui contrôle la Northumberland Interstellar corp qui contrôle les systèmes d’accès aux portails. La police charge l’inspecteur Sid Hurst de l’enquête. Le meurtre rappelle étrangement la façon dont a été assassiné vingt ans avant un de ses cousins, Bartram North sur St Libra justement. À l’époque, les faits avaient désigné comme coupable la jeune Angela Tramelo, un des jouets sexuels de Bartram, qui n’a cessé de protester de son innocence en mettant en cause un extraterrestre. Si l’hypothèse avait plutôt poussé à condamner Angela à l’époque, elle prend au fur et à mesure de l’enquête de Sid plus de consistance aux yeux des autorités. Celles-ci finissent par autoriser une expédition dans la jungle St Libra, avec Angela comme conseillère. Mais l’enquête de Sid ouvre des pistes plus classiques tandis que le passé mystérieux d’Angela refait surface

 

Hamilton connait ses références et reprend ici le concept des portes jadis popularisées par Frederik Pohl (le Cycle de la Grande Porte). Son roman est aussi intéressant dans la mesure où il offre la vision d’un capitalisme libéral extraverti aux dimensions de la galaxie : par exemple les hommes partent exploiter les ressources d’autres planètes (ce qui épargne l’écologie de la Terre, ou ce qu’il en reste), sauvant ainsi le système capitaliste de l’auto-destruction. Seule limite : un virus inconnu appelé le Xanth apparaît et détruit certaines planètes colonisées par l’humanité, bornant ainsi l’expansion « libérale ». Cela n’enlève rien au talent d’Hamilton (on a envie de lire le second tome dès la dernière page) mais témoigne aussi d’une vision du progrès « sans limites » qui paraît un peu daté. Mais ne boudons pas notre plaisir ! La grande route du nord commence très bien (et Angela Tramelo est si femme fatale…).