Sale temps pour les poubelles

Cela fait déjà une demi-douzaine d’années que Guillaume Suzanne fait les poubelles pour les éditions Griffe d’encre, tout en livrant occasionnellement des nouvelles pour les anthologies de Malpertuis ou Parchemins et Traverses. Sale temps pour les poubelles constitue le troisième volume d’une série dont le potentiel de développement est proportionnel au volume de détritus qui alourdissent de jour en jour notre planète. Il serait injuste d’oublier de citer Zariel, qui illustre le cycle depuis ses débuts et a largement contribué à son intelligibilité grâce à sa participation au Guide de la poubelle galactique.

Avant de partir, faire le ménage et un tri sélectif.

Commencer à lire une série par le troisième volume présente parfois quelques difficultés. Cela revient un peu à plonger dans un bac à ordure pour y reconstituer par déduction la composition des repas de la semaine précédente : il y a les Nods, une race d’extraterrestres obsédés par la propreté et qui a envahi la Terre pour convertir l’humanité à leurs vues. Ils se divisent en deux camps, les ultras et les progressistes. Il y a aussi la reine Betsy, la poubelle altesse qui règne sans partage sur les bacs à ordures. Il y a le Réfleur, créature divine, le fils du Réfleur, semi-dieu, le Glog, mythe extraterrestre tentaculaire, les CoDets (conteneurs de déchets), les CoDets des ombres, des humains et encore bien d’autres créatures innommables…
 

Mieux vaut commencer par le début.
 

Que ceci serve d’avertissement au lecteur intrépide qui souhaite se lancer dans l’aventure : le Guide de la poubelle galactique pourrait bien être une annexe indispensable ! Sans aide extérieure, il est difficile de ne pas patauger dans le jus de glog jusqu’à la moitié de ce livre où les références aux épisodes précédents grouillent comme les paramécies sur un steak avarié. Ce n’est pourtant pas compliqué : un chronaute tue les uns après les autres les plus fanatiques d’entre les Nods. C’est de cette façon que Yeliz, une jeune nodette, a perdu ses parents. Pour résoudre ce mystère et stopper le tueur en série, elle entamera une quête aux côtés du Réflhumain et d’un illustre CoDet. Blagues, allusions, détournements et autres références abondent. Sale temps pour les poubelles est un court roman bien agréable, mais qu’il est préférable de lire après avoir recyclé les deux tomes précédents. Sans autres prétentions que de nous faire sourire, cette histoire ne demande rien, et surtout pas de nous y reconnaître de quelque façon que ce soit. Toute ressemblance avec le monde dans lequel nous vivons est indépendante de la volonté du Glog (et à prendre avec des pincettes en se bouchant le nez des deux autres mains). Non ?