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Zombies, un horizon de cendres

Jean-Pierre Andrevon ( Auteur), Aurélien Police (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 25/09/14  -  Livre
ISBN : 9782843441318
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Bastien   - le 31/10/2017

Zombies, un horizon de cendres

Né en France en 1937, Jean-Pierre Andrevon est considéré comme une figure majeure de la SF française. Son premier roman à succès sort en 1969 : Les Hommes-Machines contre Gandahar, qui sera adapté quelques années plus tard au cinéma par René Laloux. Pendant quelques dizaines d’années il publie à un rythme frénétique (plusieurs publications par an !). Notons certains écrits marquants : Le Désert du monde, Le Travail du furet dans le poulailler, Sukran, ou encore Le Monde enfin. Tant d’autres écrits sont à découvrir ou redécouvrir ! Actuellement, c’est son roman sorti en 2004, Zombies, un horizon de cendres, qui retrouve une place de choix dans les étagères des librairies et des bibliothèques.

Beurk !

Imaginez : vous rentrez chez vous du travail par un bel après-midi. Décidant de marcher plutôt que de prendre la voiture, vous traversez les champs et la forêt, et soudainement, vous tombez nez à nez avec votre voisin, qui ne vous voit pas, et surtout, que vous avez incinéré quelques jours plus tôt.

Bon, jusque-là, certains partiraient en courant, d’autres passeraient leur chemin et rentreraient chez eux sans rien dire. Mais, quand quelques jours plus tard, ce n’est plus votre ancien voisin, mais plusieurs dizaines d’entre eux, qui, normalement décédés, se déplacent dans les champs et les villes, alors le problème est tout autre !

Voilà à quoi est confronté notre protagoniste ! Cloîtré chez lui pour éviter de rentrer en contact avec ces « monstres », et pour protéger sa femme et sa fille, la vie devient compliquée. Y compris le jour où il découvre chez lui sa femme et sa fille en train de faire un câlin à la défunte mère de sa femme…

À partir de ce jour, le problème s’aggrave ! Les morts en vie sont de plus en plus nombreux, de plus en plus intelligents, et ils ont faim ! Les animaux ne sont plus suffisants, et ils s’attaquent alors aux vivants…

« Pourquoi tu brûles des gens, papa ? Je brûle seulement les morts. Pourquoi tu brûles les morts ? Parce qu’ils font chier. »

La première édition du livre date de 2004. Hélas, pour les amateurs du genre, il n’était plus édité depuis un moment ! Mais les éditions Le Bélial ont décidé de remettre au goût du jour une nouvelle version papier, avec une nouvelle couverture.

Pour se plonger pleinement dans le livre, il est important me semble-t-il de noter le contexte : à la base sorti en 2004, les zombies, morts-vivants, vampires, et autres créatures fantastiques maléfiques, n’étaient pas encore à la mode. C’est quelques années plus tard que la mode se diffuse mondialement, et que les livres sur ces sujets fleurissent à tous les coins de rue.

Alors forcément, pour un fan du genre qui s’est déjà plongé dans des centaines de livres sur le sujet, Zombies, un horizon de cendres lui paraîtra manquer d’originalité ! Mais, si l’on découvre ce monde alors le lecteur sera conquis !

En premier lieu parce que l’écriture est franchement agréable ! Les quelques descriptions sont efficaces, l’action omniprésente, et les dilemmes moraux parsemant le livre lui donnent une touche très personnelle. L’élément marquant est le non-dit du début à la fin qui permet au lecteur de plonger dans le livre, d’y prendre part, et de laisser exprimer ses propres considérations personnelles. Ces non-dits mettent le lecteur dans une situation active et non pas passive, ce qui est très agréable !

Ensuite, la manière de décrire et de présenter le sujet, bien que manquant d’originalité maintenant, n’est pas dénué de qualité. L’ensemble est cohérent, et s’inscrit dans la vision même que l’on se fait des zombies et du monde qui se dessine avec eux. On peut voir cet écrit un peu comme un fondement des clichés que l’on connaît sur le sujet.

Le protagoniste principal est bien travaillé, très humain, profond et complexe. L’histoire est racontée de son point de vue, et ainsi ses états d’âme, son ressenti et ses sentiments ajoutent à l’intrigue une dimension humaine et complexe rendant l’ensemble très complet. Le tout ne manque pas d’humour et de répliques cinglantes (« Philosopher, c’est chier dans ses bottes. Très difficile de se nettoyer, après. »)

Notons aussi que pour une fois, l’action ne se passe pas aux États-Unis, mais en France, dans des villes que vous connaissez peut-être ! On est alors bien loin des clichés américains, laissant apparaître certaines nouveautés originales.

L’auteur, en passant par la vision du monsieur Tout-le-monde, ne s’embarrasse pas de la vision des politiques, des pays, des présidents, et forces armées, etc. N’attendez pas des actions à très forte échelle, avec des bombes, des assauts des forces spéciales, et tous les clichés dans le genre.
Par ailleurs, l’auteur appréhende différemment les morts, en leur donnant plus de densité, avec une construction progressive dans leur développement. Ils ne se réveillent pas directement bouffeur de cervelle vivante !
Il en ressort un certain hommage à des classiques, comme Je suis une légende de Matheson, ou aux films de Romero, faisant écho aux revendications qui y sont glissées…

Vous l’aurez compris, ce livre est à lire, que vous soyez novice dans le genre et que vous voulez en découvrir plus ; ou que vous soyez un fan du genre, et que vous n’avez pas lu les écrits parus bien avant l’affluence actuelle des livres sur le sujet. La vision à la française, la présence d’une certaine poésie et d’émotions convaincantes, font de ce livre un livre à part dans ce genre.  

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