Le premier tome du Syndrome d'Abel...
L'histoire commence en Inde, autour des secrets du culte des morts, dans un temple. Un jeune garçon promet à son père de découvrir les secrets de la mort, d'en franchir les limites.
Chicago, 50 ans plus tard. Rien ne va plus pour Abel Weiss. Il perd sa fille et divorce. Quelques temps plus tard, il est victime d'un grave accident de voiture. Lorsqu'il se réveille, il se trouve à des kilomètres du lieu de l'accident. En revenant chez lui, il découvre que son immeuble est détruit, ses comptes soldés : il est considéré comme mort, son absence a duré... sept ans.
Seul son ancien médecin le reconnaît mais lorsqu'il s'apprête à l'aider, il se fait assassiner, et Abel est accusé du meurtre. Blessé, il est conduit à l'hôpital où des analyses montrent qu'il a reçu pendant des années des produits anesthésiques peu communs. Avec un tel traitement, il devrait effectivement être mort...
Un deuxième tome riche en rebondissements
L'histoire rebondit au deuxième tome : alors que l'inspecteur Sue Mac Govern commence à comprendre que le cas Abel Weiss est anormal, celui-ci parvient à s'enfuir de l'hôpital et entame des recherches pour comprendre ce qui lui est arrivé. Mais c'est un fugitif : le chef de la police veut sa peau, tandis que Sue se révèle une de ses rares alliés.
D'autres personnages apparaissent, un flic au passé douteux - Koontz, des médecins aux intentions inquiétantes - Mirrick, Luthan, Kadisha. Ils se dévoilent peu à peu, et posent les questions auxquelles il est si difficile de répondre : qu'y a-t-il après la mort ? Peut-on la repousser, la contrôler ?
Les cauchemars de Weiss, dans lesquels il voit trois portes s'ouvrir, ne cessent de le torturer. Il est toujours hanté par sa petite fille, morte d'un cancer un soir où il n'avait pas eu le courage de rester à son chevet.
Entre sursauts de colère et hallucinations désespérées, le monde d'Abel Weiss se déforme, sombre, se désagrège. Il réussit à échapper à une tentative d'enlèvement et parvient à trouver le responsable de cet enfer, mais il se fait rattraper par son besoin désespéré de savoir pourquoi tout cela lui est arrivé. Et c'est le troisième tome qui donnera la réponse.
Une BD sombre
Ce deuxième tome, comme le premier, a un univers graphique assez sombre, avec des images parfois seulement esquissées, et un jeu de clair-obscur prononcé. Les scènes se passent souvent la nuit et/ou sous une pluie battante qui renforcent le côté sinistre de l'histoire. Le découpage des bulles est assez haché, d'où une sensation de vitesse, et en même temps cela complique la compréhension de l'histoire : tout comme le personnage principal, on a l'impression que les choses vont trop vite et qu'on ne parvient plus à les comprendre.
Des personnages émouvants et attachants
Les deux personnages principaux, très humains dans leurs imperfections, sont le fil d'Ariane de cette histoire.
Sue est l'archétype de la flic borderline au grand coeur, plus futée que ses collègues car moins sensible aux préjugés - c'est la seule qui sait poser des questions et surtout écouter les réponses. Son côté "je fais des blagues douteuses" en devient très sympathique.
Quant à Abel, on s'identifie à lui car on se demande ce qu'on ferait si on vivait les mêmes horreurs que lui : sa fille qui va mourir, sa femme dont il n'arrive plus à s'occuper, puis ces sept années d'absence et son univers qui s'écroule. C'est un vrai cauchemar et il est normal qu'il sente parfois la folie approcher. C'est une sorte d'anti-héros très humain qui va se transformer en héros parce qu'il n'a pas le choix : trouver les réponses est la seule chose qui lui reste dans la vie.
Il est dommage par contre que les "méchants" de l'histoire aient droit à un traitement plus stéréotypé : leurs motivations sont expliquées - dans un cadre mystérieux et inquiétant à souhait, mais ils font davantage penser à des savants fous qu'à des personnages complexes et crédibles. Ce sont des êtres de papier, pas des gens comme tout le monde qu'on pourrait croiser dans la rue. Cela fait perdre à la BD un peu de son épaisseur, alors que Abel Weiss et Sue Mac Govern sont la preuve du potentiel psychologique du scénariste.
On attend donc la fin de cette histoire, dans le tome 3, Au-delà....