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Le Voyage de Simon Morley

Jack Finney ( Auteur), Hélène Collon (Traducteur), Aurélien Police (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 05/03/15  -  Livre
ISBN : 9782207124994
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SylvainB   - le 31/10/2017

Le Voyage de Simon Morley

Auteur d’un classique de la science-fiction (paranoïaque) des années 1950,  L’Invasion des profanateurs de sépulture (qui a donné lieu à trois adaptations au cinéma : les deux premières sont de franches réussites), Jack Finney est aussi l’auteur du charmant Retour de Marion Marsh, hommage nostalgique au cinéma muet publié autrefois par Denoël dans la collection Présence du fantastique. Il a écrit aussi quelques polars, publiés en France par la Série noire : Néant à roulettes et En double. Ici, la collection Lunes d’encre nous propose la réédition d’un roman de 1970 qui, lors de sa parution en France en 1993, obtint le Grand Prix de l’imaginaire. Salué comme le classique du voyage dans le temps par Stephen King, Le Voyage de Simon Morley possède effectivement de solides atouts, qui peuvent cependant se transformer en handicaps pour une partie du public contemporain.
 
Le passé ne meurt jamais
 
À New York dans les années soixante, Simon Morley travaille dans la publicité lorsqu’il est contacté par un agent du gouvernement, Rube Prien, qui lui demande de participer à un projet très mystérieux dont il refuse de lui divulguer le moindre détail. Tout autre que Simon Morley aurait envoyé balader cet importun mais voilà : notre héros est un insatisfait (on lui explique d’ailleurs qu’il aussi été choisi pour cela) et accepte de rencontrer le chef du projet, le professeur Danziger. Ce dernier lui explique qu’il travaille sur le temps. L’idée est simple : s’imprégner de l’époque ciblée, s’entraîner à vivre comme une personne de l’époque voulue et, petit à petit, il sera possible de remonter le fil du temps. Le passé n’est pas mort, lui explique en substance le professeur, il est toujours là, autour de nous. Morley accepte l’offre mais propose, pour des raisons personnelles, de cibler l’année 1882. Il s’installe donc dans une chambre du Dakota Hotel et, après plusieurs tentatives, le miracle se produit : le héros arpente Big Apple en 1882. Dûment chapitré par Danziger, Simon doit faire attention à ne pas modifier le moindre détail de l’histoire. Que se passera-t-il cependant si on lui demande de le faire ?
 
Retour vers le futur
 
Ce livre, disons-le tout de suite, est une réussite pour un amateur du genre. Très bien construit, narré à la première personne, Le Voyage de Simon Morley est assez palpitant et l’auteur, comme tant d’autres de sa génération, ménage ses effets, ne dévoile pas tout de son intrigue avant le dernier chapitre (tant de romans actuels souffrent de ce travers). Si on met de côté ici et là certaines fautes de frappe et une traduction qui manque parfois de fluidité, le texte de l’ouvrage est impeccable (et accompagné des dessins de Morley représentant New York et ses habitants du dix-neuvième siècle). Pourtant, quelque chose gêne...
 
L’écriture de Jack Finney a quelque chose de tripal, d’urbain, de typiquement "américain années cinquante" qui date (trop ?) son roman. Il en est de même de sa description des rapports humains : il utilise fréquemment l’humour dans sa description des relations hommes/femmes qui est encore une fois celui des New-Yorkais des années quarante/cinquante (on songe à Alfred Bester, immortel auteur de L’Homme démoli et de Terminus les étoiles), à la fois cynique, et décontracté, à la limite de la pose. Dans le même temps, Finney a aussi quelque chose de rafraîchissant : il croit réellement à ce qu’il écrit et le twist final fonctionne aussi à cause de cela.
 
Depuis les années soixante, la science-fiction a évolué et a perdu (souvent mais pas tout le temps) de sa magie, de son sense of wonder (expression de Spinrad, un des plus grands) : ce n'est pas le cas ici. Mais ce roman peut-il séduire de nouveaux lecteurs?  J’ai pensé à mon neveu en le relisant, en me demandant s'il apprécierait ce roman… Chers amateurs, reste qu’il faut défendre Jack Finney. Une suite, Le Balancier du temps, existe et a déjà été publiée au mitan des années 1990. Si Le Voyage de Simon Morley trouve son public…
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