AlexandreA
- le 27/09/2018
Le Héraut de la tempête
Originaire du Yorshire, Richard Ford s’est installé dans le Wiltshire, dans la première ville traversée par la Tamise. Après un premier roman dans l’univers steampunk, il conçoit Havrefer, une trilogie de fantasy publiée en France chez les éditions Bragelonne. Le Héraut de la tempête est le premier tome de cette série dont la version poche vient de paraître chez Milady.
Havrefer est la capitale portuaire des États libres, symbole de puissance et de richesse. Au départ du roi à la guerre pour contrer les actions belliqueuses du seigneur de guerre Amon Tugha, la cité ne devient plus que l’ombre d’elle-même. Un climat de terreur s’installe rapidement en ville avec l’apparition de sacrifices orchestrés par un mystérieux sorcier, sans savoir que le héraut d’Amon Tugha s’est lui-même infiltré au sein des murs pour recruter de redoutables assassins et offrir les clés de la ville à son maître. Mais c’est sans compter l’intervention de personnes que tout oppose : une princesse, une jeune mendiante, un assassin, un mercenaire, un apprenti magicien, dont le destin va les rapprocher et influencer le futur incertain de Havrefer.
L’échiquier se met en place…
L’immense cité est le théâtre de ces affrontements quotidiens entre les différentes forces en présence, aussi nombreux que la multitude de rues marchandes, de ruelles sombres et crasseuses, de villas somptueuses ou de masures délabrées. La richesse d’Havrefer, c’est avant tout cette multitude de personnages aux origines et castes sociales différentes qui se découvrent au fur et à mesure de la lecture. Chacun vaque à ses occupations quotidiennes que le destin va croiser, pour quelques minutes ou davantage, alors que la grande Histoire est toute proche. Alors que les envahisseurs sont en route, l’auteur nous plonge dans les méandres des bas-fonds où la Guilde règne en maître. Aucun larcin ou meurtre n’est commis sans son accord, même au sein des confréries des assassins et des voleurs. Une teinte de fantasy, des scénarios dignes des polars ou tirés de films de gangster, autant d’aspects qui enrichissent l’atmosphère.
Chaque chapitre alterne les points de vue des deux côtés de la loi (voleurs, assassins autant que gardes de la cité et même la royauté) avec un personnage différent que l’on découvre petit à petit, affrontant leurs doutes et faisant face à leur destin à leur manière. Autant de personnages dont l’histoire pourrait constituer un roman à part entière et qui poussent la cité elle-même au second plan. Et pourtant, l’impression d’être passif face aux futurs événements se dégage d’eux, les rendant davantage spectateurs au lieu d’influencer le cours de l’histoire.
La multitude d’intervenants est un peu difficile à appréhender au début même s’ils s’avèrent attachants. Le rythme assez plat et haché à chaque changement de point de vue freine la tension qui pourrait croître, rendant le livre agréable à lire avec un style bien écrit, simple et fluide bien que sans réel temps fort. Un peu trop tranquille, le calme avant la tempête ?
Après la description, l’action ?
On ne va pas s’en cacher, ce premier tome est le prélude d’une future grande saga. La description prime sur l’action dans ce premier tome, posant le contexte politique, économique et les différents protagonistes engagés ce qui peut rebuter plus d’un lecteur. On se doute malgré tout que la tournure de l’action va très vite changer à l’approche de l’ennemi dans les prochains tomes. Une lecture plaisante qui donne envie d’en savoir plus sur ces intrigues politiques et la suite de l’action, qui seront sûrement au rendez-vous dans le tome 2 intitulé La Couronne brisée et plus encore dans le tome 3 Le Seigneur des cendres.