USA über alles Tome 3 : l'ombre rouge
Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard (mais pas Fred Duval), les champions français de l’uchronie en bande dessinée, avaient au départ prévu USA über alles pour la série Jour J. Ils se sont cependant retrouvés avec une histoire tellement dense qu’ils en ont fait une série à part. Le postulat est simple : en 1944, les alliés sont débarqués en Normandie et en juillet un armistice était conclu avec le maréchal Rommel, nouveau chef du Reich après la chute d’Hitler.
L’armistice ne vaut pas cependant pour le front Est où la guerre germano-russe continue, avec le soutien des américains aux premiers. La France est devenue quant à elle un protectorat américain où le général de Gaulle est en résidence surveillée à Colombey. On fait connaissance dans les deux premiers tomes avec Charlier, ancien de l’escadrille Normandie-Niemen et récemment évadé des camps soviétiques. Son ancien employeur, Marcel Dassault, survivant des camps, l’a fait engager comme pilote d’essai du nouveau bombardier Aurora développé par les américains et les allemands. De gros doutes subsistent cependant sur Charlier : ne serait-il pas un agent double ?
L’espion démasqué
Le contexte géopolitique est chargé : le général Curtis LeMay met la pression pour que le bombardier Aurora soit prêt afin d’effectuer une attaque atomique préventive contre Moscou. Pendant ce temps, Beria est prévenu par le commandant Pierre Messmer que son agent risque d’être assassiné par un commando envoyé par Staline. L’agent n’est autre que Charlier : il est sauvé de justesse et réussit à voler le bombardier Aurora pour l’emmener en URSS. Pendant ce temps, Beria prépare un coup d’Etat contre Staline.
La recette s’épuise-t-elle ?
La série USA über alles bénéficie du dessin de Maza, co-auteur de la série Wunderwaffen chez Soleil et grand spécialiste des avions de la seconde guerre mondiale. On a donc droit à un graphisme plutôt solide même si Maza est moins à l’aise avec les expressions faciales. On doit cependant regretter ici que le scénario pêche un peu : le lecteur a l’impression que l’histoire est un peu « étirée » sur trois tomes, qu’elle aurait mérité d’être enrichie : Pécau et Blanchard ont-ils trop de travail ? De surcroît, la fin (pas de spoiler ! crie le lecteur) patine un peu dans le sentimentalisme. C’est dommage.