Une histoire entraînante au temps des croisades
Que dire du premier tome de Djinn, dont le titre n’est pas loin d’évoquer celui d’un célèbre poème de Victor Hugo… : un appel évident à la lecture, servi par une couverture magnifique et par un titre qui sonne comme un sort. C’est donc un univers de fantasy arabisant qui nous ouvre ses portes, avec ses personnages au destin grandiose et ses mystères à la couleur du sable des grands déserts.
L’histoire est belle, très bien documentée, le récit est parfaitement maîtrisé et porté par un souffle de conteur. Ce sont des personnages forts que l’on suit (et qui ont existé pour la plupart), notamment féminins, des personnages importants également : les hauts de la cour, reines, princesses, rois, connétables et même sorcières-djinns qui n’hésitent pas se mêler à la lutte de pouvoir. Si le lecteur garde une certaine distance avec les personnages et que seul un d’entre eux pouvait réellement susciter l’empathie (Renaud de Mazoir), même les plus impitoyables présentent quelques fragilités et des traits humains appréciés.
L’intrigue, simple, pourrait s'assimiler à un grand conte, sombre, où règne une atmosphère de magie et de malédiction. Par ailleurs, les luttes de pouvoir et la noirceur du monde de Game of Thrones ne sont pas si éloignées. La princesse Alix n’hésite pas à provoquer les événements, certaines scènes orchestrées par les djinns sont glaçantes. On pourrait regretter quelques facilités scénaristiques (des interventions surnaturelles surpuissantes, des mystères inexpliqués) ainsi qu’une fin abrupte et accélérée. La portée du roman semblait plus grande que n’en laissent croire les dernières pages, mais l’expérience a été belle et le voyage en valait la peine.
Le dernier roman en date de Jean-Louis Fetjaine est donc à recommander pour son récit entraînant, son bestiaire exotique assez atypique dans l’univers de l’auteur, sa belle couleur historique, et séduira certainement les lecteurs par son parfum de malédiction combiné aux manipulations des grands de la cour.
Pour les plus curieux ou les plus nostalgiques, la lecture de La Maudite peut aussi être une excellente occasion de (re)découvrir les œuvres de l’auteur, à commencer par la célèbre Trilogie des Elfes par exemple.