La Cité du futur

 

Un nouveau Robert Charles Wilson, c’est comme des retrouvailles avec un vieil ami. Après Les Derniers Jours du Paradis, récit uchronique qui avait déconcerté certains de ses fans, l’auteur de Spin était revenu très en forme avec Les Affinités, roman troublant d’anticipation sur les réseaux sociaux. Avec La Cité du futur, Wilson nous donne une histoire qui prend comme base le voyage dans le temps, thème récurrent chez lui (citons À travers temps, Les Chronolithes). Pour quel résultat ?

 

 

La cité de Futurity se dresse depuis 1872 dans les plaines de l’Illinois pour une période de cinq ans, fondée par des voyageurs temporels du vingt et unième siècle. Ces voyageurs sont en fait des touristes, désireux de visiter le dix-neuvième siècle et de profiter de ses charmes. August Kemp, riche milliardaire, dirige Futurity et emploie des « locaux », des gens du cru. Jesse Cullum est l’un d’eux et attire l’attention du dirigeant de Futurity en sauvant la vie du président Grant. Comme l’arme de l’assassin provient du futur, Jesse fait équipe avec une agente de sécurité de Futurity, Elisabeth DePaul. Tous deux découvrent un vaste réseau de trafic d’armes qui irriguent le pays. Jesse, qui cache un passé assez lourd, n’en est qu’au début d’une enquête qui va lui révéler la vraie nature de Futurity.

 

La Cité du futur séduit le lecteur exigeant par sa présentation de Futurity. Les gens qui travaillent pour cette cité se moquent en effet complètement de leur impact sur la société du dix-neuvième siècle et ne craignent pas de changer l’avenir (il faut dire que Wilson fait sienne ici la théorie des univers parallèles et les gens de Futurity ne sont donc pas susceptibles de modifier stricto sensu leur passé). Seul compte le profit, le loisir, l’hédonisme : on trouve donc ici en filigrane une critique féroce de notre société de consommation et du tourisme de masse. Wilson prend aussi plaisir à décrire l’Amérique du dix-neuvième siècle, une époque qui le fascine (on l’avait senti dans Julian). Enfin, nous avons ici de vrais personnages, décrits de façon oblique, avec leurs sentiments et leurs blessures. La Cité du futur, sans être le meilleur opus de Wilson, est encore une fois une preuve de son talent.