Un auteur iconoclaste
De lui, le lecteur curieux connait surtout Elliot du néant (La volte, 2010), variation autour de l’Islande et de son folklore, et Sous la colline (La volte, 2015) où il s’immergeait dans Le Corbusier. Il a écrit Atomic Bomb avec Fabrice Colin, publié en 2005. Calvo est un auteur qui aime mélanger les genres et qui prend de facto des risques avec son lecteur. Cela peut dérouter mais en aucun cas laisser indifférent, on va le voir avec Toxoplasma, sorti cet automne.
Au bord de l’apocalypse
Montréal s’est séparé du reste du Canada et est devenu une Commune anarchiste. Deux hackeuses, Kim et Meii, essaient de percer la grille, qui est née suite à l’écroulement d’Internet. La petite amie de Kim, Nikki, une jeune réfugiée française, travaille dans un vidéoclub où elle vante les vertus des slashers et autres films de genre des années 1980. Lorsqu’un écureuil est retrouvé mort au parc de Gaspé, elle décide de mener son enquête. Pendant ce temps, l’armée fédérale se prépare à lancer l’assaut sur la ville tandis que de nombreux événements étranges se multiplient autour de Nikki : elle commence à penser qu’une conspiration se cache derrière tout cela… Et trouve son salut dans un dialogue avec une marionnette qu’elle fait parler.
Nébuleux et fumant
Le titre évoque la toxoplasmose, infection parasitaire du sang dont les chats sont porteurs, des animaux qui selon la hackeuse Mei sont derrière la grille. On trouve de tout dans Toxoplasma : de l’uchronie, du cyberpunk, des allusions au passé indien du site de Montréal. On y découvre aussi le voyage initiatique de Nikki dont la perception du monde subit d’intenses variations (c’est un euphémisme !). Par contre, on se perd un peu dans les méandres d’un roman qui refuse la facilité mais souffre aussi de son côté abscons, voire nébuleux… Reste que David Calvo est aussi capable d’intuitions fulgurantes : la relation qui se joue entre Nikki et sa marionnette est ainsi fascinante. Toxoplasma fera le bonheur d’un lecteur aventureux, prêt à des expériences littéraires.