L'Empire du Léopard

L'Empire du Léopard

Emmanuel Chastellière est un auteur français né en 1981. Il est notamment co-créateur du site Elbakin ainsi que son rédacteur en chef. Il est aussi traducteur littéraire depuis 2007. Son premier roman, Le Village, est paru en 2016. On lui doit aussi Celestopol (juin 2017), prix Révélation 2018 des Futuriales ou encore Poussière Fantôme (avril 2018) chez Scrinéo.

Sur les pas des conquistadors de Coronado.

La campagne continue pour asservir l’ensemble des contrées de la Lune D’or pour la plus grande gloire du royaume de Coronado et son Roi. Il ne reste que le mythique et mystérieux Empire du Léopard qui résiste, caché au fin fond des montagnes. L’avancée semble s’enliser ; le climat ainsi que le terrain ne sont sûrement pas étrangers à la situation.

La colonelle Cérès Orkatz, l’une des trois plus hauts gradés de l’armée, essaye tant bien que mal de tenir ses hommes, de leur insuffler moral et ténacité mais Philomé le vice-roi ne l’aide pas beaucoup. En effet celui-ci, plus tourné vers la diplomatie et la conciliation entre les autochtones et les envahisseurs, cherche plus à comprendre la situation.

Malgré cela, tous recherchent ou du moins espèrent trouver la cité légendaire Tichgu et surtout la fontaine de jouvence… 

Fantasy et mousquets

L’auteur nous propose un roman d’un genre assez peu usité, mélangeant la fantasy et un niveau de technologie qui se situe plus vers le XVIII ou XIX siècles de notre histoire. Donc les armes à feu sont présentes et même très présentes, donnant ainsi plusieurs carnages pendant les scènes de combat.

Pour son livre, Emmanuel Chastellière nous mène dans une histoire qui n’est pas sans rappeler la conquête du Nouveau Monde mais cela va s’arrêter là. Car l’univers est bien loin des Amériques. Le climat comme le terrain ne tiennent aucune promesse d’Eden ; bien au contraire, c’est aride, rien ne pousse. La couronne (Coronado) instigatrice de cette campagne semble se désintéresser de la situation, les colons venus faire fortune grognent, proches d’une rébellion.

On se retrouve donc dans une situation assez complexe avec plusieurs personnages importants et une multitude de seconds couteaux qui apportent tous à leurs niveaux une pierre à ce roman. J’aime particulièrement le personnage de Philomé, le vice-roi qui fait ce qu’il peut pour arranger tout le monde. Il essaye de comprendre les indigènes, d’appréhender leurs coutumes, leurs vies. Il devient assez vite attachant.

Mais d’autres comme Cérès, la fameuse et terrible Salamandre, qui se pose de plus en plus de questions sur la légitimité de leurs actions, ou encore la mystérieuse Camélia, l’indigène enrôlée dans les forces coronadiennes et son lourd passé qui lui colle à la peau, seront autant de points d’ancrage pour le lecteur.

Maintenant il faut reconnaître que l’intrigue prend un peu de temps à s’installer, l’auteur pose l’ensemble de son échiquier avant de lancer véritablement l’action. En revanche quand cela commence c’est du lourd. Les scènes de combat sont fortes et très bien rendues. Je rappelle que le niveau de technologie et ingénierie est plus évolué que nos pauvres conquistadors de notre histoire. Cela fait beaucoup plus dégâts.

Voici donc un roman de poudre et de jungle, de combats et d’explorations ainsi que tractations et de diplomaties.

Emmanuel Chastellière ne s’arrête pas là, il profite de son livre pour traiter avec beaucoup de délicatesse les affres de l’homosexualité ainsi que des conditions de la colonisation et des dangers sur la destruction des civilisations envahies.

Je conseille vivement ce roman riche et dense dans un univers peu commun en France. À découvrir de toute urgence…