Mondocane

Jacques Barbéri - Mondocane

Un auteur installé

Né en 1954, influencé par Philip K.Dick. Jacques Barbéri publie ses premières nouvelles dans des anthologies d’Henry Luc Planchat. Après le recueil Kosmocrim, Il sort quelques romans comme  Narcose (Denoël, 1989), Guerre de rien (Denoël, 1990) et La mémoire du crime (Denoël, 1992). Il consacre ensuite l’essentiel des années 1990 à œuvrer en tant que scénariste pour la télévision sur des séries policières puis revient vers la SF en 2002 avec son roman le plus ambitieux à ce jour, Le Crépuscule des Chimères, paru dans la collection Imagine/Flammarion. Mondocane, publié à l’origine chez La volte, se veut une réécriture de Guerre de rien.

Et quand tout dérapa…

Le monde est en sécurité grâce aux intelligences artificielles. Chaque superpuissance dispose de la sienne. Il y Petit Poucet et Guerre et Paix. Jack Ebner est un informaticien qui travaille directement pour Guerre et paix. Il suit tranquillement son bonhomme de chemin, tombant amoureux de Karen, jusqu’à ce que la guerre éclate. Très vite, il réalise que les choses se passent bizarrement et décide de se mettre en hibernation. Quand il se réveille, il constate que la Terre a changé, à cause de la guerre e des manipulations des IA. Quant à l’humanité, on ne compte plus les mutations, parfois baroques… Jack, lui, veut retourner dans la ville de Cheebar. Malgré les évènements, il a le fol espoir d’y retrouver Karen.

Une expérience

À l’origine, il y a une nouvelle du recueil Kosmocrim transformée en roman, Guerre de rien qui, réécrit, devient donc Mondocane. Bor Durin est devenu Jack Ebner et il y a 100 pages de plus, le tout réédité chez La volte en 2016 et maintenant en poche chez Folio SF. Le roman abonde en scènes et descriptions d’un surréalisme complet (on se rappelle que Barbéri fut un ami d’Emmanuel Jouanne, membre du groupe Limite dans les années 80), plutôt réussies d’ailleurs. En ce qui concerne l’histoire, disons que les rebondissements sont téléphonés. Mais l’ambition de Barbéri, admirateur de Dick et Ballard, était de peindre un paysage intérieur en mouvement, face à un réel mutant. De ce point de vue, Mondocane est une réussite, même si le grand public passera à côté. On regrettera en tout cas, vu la qualité visuelle du livre, qu’un René Laloux, aidé d’un dessinateur comme Roland Topor, ne puisse transposer le roman en dessin animé car le résultat en aurait valu la peine.

Sylvain Bonnet