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Les Nuages de Magellan

Benjamin Carré (Illustrateur de couverture), Estelle Faye ( Auteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 04/10/18  -  Livre
ISBN : 9782367405858
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Florie   - le 20/11/2018

Les Nuages de Magellan

Estelle Faye a commencé comme comédienne puis metteur en scène avant de travailler de plus en plus comme autrice et scénariste. Sa plume s’illustre dans les genres de l’imaginaire, notamment avec la trilogie La Voie des Oracles, qui a remporté le Prix Imaginales 2015  et le Prix Elbakin dans la catégorie jeunesse, ainsi que le prix Actu SF de l’Uchronie 2016. Elle est également connue pour son roman d’anticipation au Paris multi-facettes Un éclat de givre. Les Nuages de Magellan est sa première entrée dans le genre du space opera.

Après des siècles d’exploration spatiale avec des étincelles dans les yeux, l’humanité a cessé de partir à la recherche de nouvelles frontières. Les Compagnies ont peu à peu privatisé la galaxie, et quiconque s’y oppose, comme le leader des pilotes en grève Damian Sabre, risque des représailles implacables. À l’orée de la galaxie, Dan s’ennuie et chante le blues sur un petit planétoïde oublié avec la quête d’exploration des Nuages de Magellan. Tout va changer à sa rencontre avec Mary, une cliente impressionnante et taciturne qui aurait connu l’âge de la grande piraterie…

Entre lutte sociale et résignation

L’histoire nous plonge immédiatement dans le ton de cette société : des pilotes font grève contre la suprématie et les abus des Compagnies qui se partagent les derniers espaces de liberté de la galaxie depuis plusieurs décennies. Le rêve des étoiles est mort. Ou plutôt, il a été acheté et se monnaye maintenant à prix d’or.

L’âge d’or des luttes, symbolisé par la grande piraterie devenue légende, est bel et bien derrière nous lorsque commence cette aventure. Ce qu’il nous reste ? Pour Dan, serveuse au Frontier, le bar d’un planétoïde sur lequel reposent les ruines des dernières tentatives d’exploration d’une nouvelle galaxie, il lui reste le blues.

C’est aussi la patte d’Estelle Faye qu’on retrouve dès les premières pages de l’histoire. Dan, la jeune serveuse qui oscille entre idéalisme et résignation et chante le blues, n’est pas sans rappeler Chet, le chanteur de jazz du Paris à la fois post-apocalyptique et plein de vie d’Un éclat de givre.

On retrouve ce doux mélange entre idéalisme et résignation dans les Nuages de Magellan, même si Dan est peut-être plus rêveuse et volontaire, à la manière d’une véritable aventurière de space opera.

Classiques mais habilement tissés


L’histoire s’élance de manière percutante dans le sillage du space opera d’aventure. Dès le début, la vie des deux héroïnes est chamboulée. Il faut fuir, il faut agir, il faut avancer. Comme dans tout bon space opera, on se délecte de paysages irréels, d’immensités au-delà de l’imagination et d’une nature à la fois dangereuse et fascinante.

On retrouve aussi la relation entre un mentor et son élève entre Dan et la mystérieuse Mary Reed. Elle porte un parfum de l’époque de la conquête de l’Ouest avec son pantalon en python et ses sangles de cuir, son arme à la ceinture et son vaisseau de voyageuse solitaire.

Car oui, c’est suffisamment rare encore aujourd’hui pour le noter : les deux personnages principaux sont des femmes. Entières, nuancées, courageuses chacune à sa manière, Dan et Mary se rencontrent, s’apprivoisent et grandissent à travers une aventure flamboyante au parfum de frontière et de possibilités.

L’exploration, l’aventure et la liberté


Si les Nuages de Magellan est un space opera d’aventure franc et percutant, c’est aussi et avant tout l’histoire de l’âme exploratrice de l’humanité. L’espace est la nouvelle frontière, la promesse de liberté déjà portée par d’autres nouveaux territoires découverts il y a fort longtemps par d’aventureux explorateurs. On y sent alors le vent de liberté façon République des Pirates. Mais comme à Nassau dans le temps, ici aussi, la liberté a un coût et les illusions sont tombées.

Dans cette Voie lactée où il ne reste plus rien à explorer, l’âge de l’aventure a laissé place à celui du profit et de la résignation. Pourtant, lorsque Dan quitte son planétoïde à la recherche d’une grande aventure, on y retrouve, encore et toujours, la soif de liberté et d’exploration insatiable de l’humanité. Comme si on ne pouvait jamais vraiment l’étouffer.


Malgré le contexte sombre dans lequel nous plonge Estelle Faye, avec ces impitoyables Compagnies, les citoyens résignés et la piraterie reléguée au rang de légende irréaliste et idéalisée, les Nuages de Magellan reste avant tout une ode à l’exploration, l’aventure et la liberté. En cela, elle rend un bel hommage à un genre porteur de tous les rêves…

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