La fille du géant du gel

Robin Recht - La fille du géant du gel

Un artiste surdoué

Issu des jeux de rôles, ancien étudiant aux Arts Décoratifs de Paris, Robin Recht s’est fait un nom dans la bande dessinée en travaillant sur la série médiévale Totendom aux Humanoïdes associés. C’est cependant sur les adaptations d’Elric qu’il acquiert définitivement ses lettres de noblesse, imposant un dessin sombre, empreint du romantisme de Friedrich, qui colle parfaitement à l’esprit du héros imaginé par Moorcock. Après Elric, le voici qui s’attaque à Conan dans le cadre de la collection lancée par Jean-David Morvan et qui donne carte blanche à des auteurs français pour « réimaginer » les aventures du personnage d’Howard. Recht a choisi une aventure assez atypique, La fille du géant du gel.

Le barbare et le piège des dieux

Dans le lointain pays de Nordheim, Aesirs et Vanirs partent s’affronter sur le lac gelé. Une jeune femme rousse, entourée de deux gigantesques ours, les regardent avec envie. Elle attend de savoir qui des guerriers va survivre à ses charmes pour emmener le plus valeureux vers son père, Ymir. Elle sait que le féroce Heimdul a cette année a toutes les chances de l’emporter cette année. Et de fait, il combat comme un héros, tue sans aucune pitié, pare les coups de ses adversaires et à la fin il ne reste que lui… Non, il y en a un autre. Il se nomme Conan et il réussit à vaincre Heimdul. La jeune femme rousse arrive, fascinée par ce combattant. Presque complètement nue, elle commence à narguer Conan et s’enfuit dans la montagne. Le barbare la suit, aguiché. Il croit affaire à une sorcière, il ignore être face à face avec une déesse, la propre fille d’Ymir, le géant du gel… Conan sortira-t-il vivant de cette confrontation ?

Une version érotique et onirique

Howard eut du mal à placer La fille du géant du gel, changeant même le prénom de son héros pour que le récit soit publié très confidentiellement. Notons aussi qu’il subit les ravages d’une réécriture de Lyon Sprague de Camp… Robin Recht a choisi dans son adaptation d’assumer l’érotisme du texte tout en proposant un découpage très dynamique, fait tantôt de pleines pages, tantôt de planches très découpées. Le résultat est excellent, ne le cachons pas. On souscrit à l’enthousiasme de la préface de Moorcock et on doit avouer ceci : jusqu’ici cette collection fait un sans-faute. Vivement la suite !

Sylvain Bonnet