La Voie Verne

Jacques Martel - La voie Verne

La source

Jules Verne est certainement le grand ancêtre de tous les écrivains de science-fiction et a su faire rêver des générations de lecteurs : une telle phrase paraît convenue mais correspond pourtant à la vérité. L’auteur de ces lignes a découvert le grand Jules aux éditions Folio Junior (qui bénéficiaient de couvertures et d’illustrations d’Enki Bilal). Jacques Martel, auteur de La guerre de l’hydre et de Bloody Marie, propose avec La voie Verne une fiction bourré de références au créateur de Vingt Mille lieux sous les mers et aussi en même temps un roman qui veut prolonger l’esprit vernien : vaste programme !

John et Jules

Au XXIe siècle, le papier a été abandonné et l’ensemble des livres et des connaissances ont été numérisées dans le halo, le réseau qui a pris la place de l’internet. Malheureusement, un virus informatique a détruit une partie de ces connaissances, dont la majeure partie de l’œuvre d’un écrivain français presque oublié, Jules Verne. Le jeune Gabriel, enfant autiste et orphelin, grandit dans un château des Alpes sous la tutelle de sa grand-mère. Cette dernière embauche un majordome nommé John, envoyé par une de ses nombreuses relations. John fait la conquête du jeune Gabriel, passionné par l’œuvre de Verne dont il possède les livres (oui, il y en a encore). Mais John cache un secret : écrivain dénommé Stanley Spilett, il est employé par les nouvelles éditions Hetzel et a écrit la novélisation des aventures de Pearline Khan, exploratrice spatiale qui est sa compagne. Il connaît aussi par cœur l’œuvre de Verne et c’est normal : Spilett n’est autre que Jules Verne lui-même, devenu immortel sous la forme d’un égrégore. Mais tout a une fin, Verne perd peu à peu son immortalité. Avant de disparaître, il veut redonner vie à son œuvre quitte à le transformer en un univers virtuel. Pour cela, il a besoin de Gabriel, qui est un des meilleurs codeurs du monde.

Un roman d’enchanteur

Après un début un peu laborieux, force est de reconnaître que La voie Verne fonctionne très bien. Le narrateur n’est autre que Jules Verne lui-même (le moment où on découvre qui il est réellement est très bien amené) et on découvre petit à petit la portée de sa dernière entreprise. Au fond du livre, il y a aussi cette formidable idée : et si on suivait les idées de Verne, et si on croyait à nouveau au progrès, malgré Hiroshima et Auschwitz ? Un pari fou ? Rêvons un peu avec ce livre, cher lecteur ! Ce ne sera déjà pas si mal.

Sylvain Bonnet