Arkhê & Laïlah

Caza - Arkhê & Laïlah

Un dessinateur culte

Philippe Caza, aujourd’hui, est un symbole de l’âge d’or de la bande dessinée de science-fiction française des années 70, entre Moebius et Jean-Claude Mézières. Il s’est d’abord fait connaître du grand public en dessinant des couvertures pour des éditions poches de romans de SF pour les éditions Opta et J’ai lu, puis par son travail dans les journaux Pilote et Métal Hurlant. Il est connu également pour sa série Le monde d’Arkardi, rééditée chez Delcourt, et sa collaboration avec René Laloux pour l’adaptation du roman de Jean-Pierre Andrevon, Les hommes-machines contre Gandahar. Les humanoïdes associés rééditent ici des histoires parues essentiellement chez Métal Hurlant.

Un univers psychédélique

Caza, c’est un style et un univers très particulier, marqué par ses lectures (ici et là affleurent des réminiscences de Lovecraft). Arkhê raconte l’histoire d’une arche qui survit à différentes espèces et même à la destruction de l’univers dans un but bien mystérieux. Axolotls nous montre comment un alien, en défiant son dieu, réussit à évoluer vers… autre chose. Caza réussit des planches assez saisissantes, proches parfois des visions d’un Druillet. L’oiseau-Poussière est un trip, dessiné en noir et blanc, qui rappelle Arzach de Moebius.

Un fantastique érotique

On ne peut pas passer sous silence l’aspect érotique de certaines histoires de Caza. Laïlah est l’histoire d’une vengeance, celle de la dernière survivante de la planète Dorval. Pour se venger, elle va sacrifier sa corne, symbole phallique par excellence, se faire féconder par un des exterminateurs afin d’engendrer des monstres destinés à chasser les envahisseurs. Sur un mode plus léger, Lulla ou le dévorant nous transporte dans le futur. On y découvre un couple d’explorateurs à bord d’un vaisseau transportant des embryons gelés (l’espèce humaine a visiblement eu quelques problèmes) et aspiré vers un trou noir évoquant… le sexe féminin. Certains puritains ne comprendront pas aujourd’hui comment Caza dessine ainsi. On retrouve ici toute la nostalgie d’une époque, celle des années 70, où de tels dessins ne choquaient pas. En tout cas, Caza, véritable créateur, mérite d’être célébré.

Sylvain Bonnet

Philippe Caza, Arkhê & Laïlah, postface de Joëlle Wintrebert, Les humanoïdes associés, novembre 2021, 120 pages, 24,95 €