Des milliers de plumes noires

Jeff Lemire & Andrea Sorrentino - Des milliers de plumes noires

Un duo à succès

Auteur de Royal City, de The Nobody, d’Essex Country, Jeff Lemire, auteur-dessinateur, s’est imposé dans le milieu sinistré du comics, produisant des albums et des séries qui ont remporté un grand succès, notamment Joker : killer smile. C’est à cette occasion qu’il a rencontré Andrea Sorrentino, avec qui il a signé dernièrement le magnifique Primordial traduit et publié par Urban l’année dernière. Des milliers de plumes noires s’inscrit dans un univers créé par Lemire et Sorrentino, « Le mythe de l’ossuaire », largement fantastique avec un panthéon horrifique inspiré de Lovecraft. Alors allons voir ce qu’ils nous ont concocté.

Il était une fois…

Trish, autrice à succès de romans à succès, revient dans la petite ville d’Hamilton qui l’a vu grandir. Elle y est accueillie par Terri, la mère de sa meilleure amie d’enfance Jackie. Jackie a disparu il y a des années et Trish se souvient… Adolescentes, fan de jeux de rôles, elles adoraient se retrouver dans le sous-sol de la maison de Terri pour bâtir des histoires. Elles ont ainsi inventé un univers où elles chassent le dieu Corvus, le roi des corbeaux. Elles adorent leur création mais elles grandissent. Jackie se fait de nouveaux amis, Trish traîne un peu des pieds… et Jackie disparaît après une soirée. Trish reprend l’enquête, retrouve des témoins et finit par se persuader que Jackie l’appelle de là-bas, de l’univers où règne Corvus…

Une réussite, que dire de plus ?

La lecture de Des milliers de plumes noires va remuer de nombreux amateurs. L’histoire, celle de ces deux adolescentes, ressemble beaucoup à notre passé. Nous fûmes nombreux à jouer au jeu de rôle, à bâtir notre propre univers avec notre meilleur(e) ami(e). Nous fûmes quelques-uns à mélanger parfois la réalité à la fiction. L’album bénéficie de surcroit d’une construction dramatique très habile, avec un hommage à Lovecraft mais aussi à King (cette petite ville américaine, l’adolescence). Le graphisme de Sorrentino, sombre et âpre, constitue une des qualités majeures de cet album. On ne saurait trop vous le conseiller et notre duo prend date pour d’autres volumes se déroulant dans cet univers du mythe de l’ossuaire.

Sylvain Bonnet