Issu d'un monde différent de la littérature, Henri Bleunven a pourtant déjà écrit une pièce de théâtre et quelques nouvelles. Futur Antérieur est son premier roman.
Le monde n'est plus le même
Nous sommes au XXIIème siècle et le monde n'est plus le même. Urien et Leïla, villageois asservis par les Gardiens du Savoir, vivent une vie de labeurs avec peu de divertissements et beaucoup d'interdits au sein d'une communauté, en un lieu nommé Soléal.
Chacun a sa tâche, chacun a son travail, et personne ne se plaint. Excepté lorsque les Gardiens du Savoir prélèvent une partie des récoltes et des ressources issues de leurs labeurs. Parfois même, quelques villageois désobéissants disparaissent dans le mystérieux Temple du Savoir.
Urien, Leïla et les autres vivent sans rien connaître du passé de leurs ancêtres, ni de la technologie, ni même de l'écriture et ne peuvent évoquer leur avenir. Dans ce monde post-apocalyptique, les organisations sociales ont été rétrogradées. Que s'est-il passé ?
Ils font alors une découverte qui leur révèle quelques bribes du passé : l'ère industrielle et sa folie de surconsommation. Urien veut en savoir plus. Pour cela, il n'hésite pas à braver les interdits imposés par les Gardiens du Savoir. Il embarque Leïla dans une quête dangereuse durant laquelle elle sera kidnappée. Dans son périple pour la retrouver, Urien fera la connaissance d'un personnage décalé aux mœurs et aux langages peu communs : Tsuda le Second. Il se révèlera être la clé de la vérité passé et futur.
Le récit est bien écrit, fluide et facile à lire.
Dans la première moitié du livre, il manque de l'action. L'auteur décrit (trop) les paysages, une Europe où la nature a repris ses droits (bien entendu). Parfois, des incohérences apparaissent décrédibilisant les personnages. Notamment Urien, qui maîtrise trop rapidement et trop bien les anciennes technologies. Ainsi, au fil d'un récit long et parfois ennuyeux, on découvre par petits échantillons le passé décadent des ancêtres de nos héros, qui n'est autre que notre présent, sans surprise. Les personnages se mettent en place et s'avèrent très attachants. La critique de l'auteur sur notre présent est très incisive, et le récit est parfois pessimiste.
Malgré cela, l'intrigue m'a empêché de lâcher le livre une seule fois. Je voulais savoir ce que les Gardiens cachaient ! Quelles solutions l'auteur proposaient-il pour guérir de ce passé ?
La deuxième moitié du livre s'accélère. L'action est plus présente, sans être non plus des plus surprenante. La quête se poursuit, nos héros ont beaucoup (trop) de chance et le but se précise. C'est agréable à lire, et certains passages ne manquent pas d'humour et d'innovation. Dans les dernières pages, la vérité est enfin révélée ! Malheureusement, je ne suis pas tombé de mon fauteuil. Dommage, car les thèmes abordés méritent d'être plus étayés : transhumanisme, dictat capitaliste, nouvelles technologies, transformation des méthodes d'exploitation des ressources planétaires. Les idées ne manquent pas dans cette ouvrage, une centaine de pages supplémentaires pour se donner le temps de bien les développer aurait été un vrai plus.
Pour résumer, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre : pas de prise de tête, lecture fluide et facile, un peu d'humour. Mais je reste sur ma faim. Il ne fera donc pas parti de mes best-reading SF mais restera un très joli souvenir.