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Anergique - Les secrets d'écriture de Célia Flaux
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Anergique - Les secrets d'écriture de Célia Flaux

A l'occasion de la sortie d'Anergique aux éditions Actusf, Célia Flaux revient sur l'écriture de ce nouveau roman.

Actusf : Votre roman sort le 22 janvier 2021 aux éditions ActuSF et s’intitule Anergique. Comment est né ce récit ? Qu’est ce qui vous a incité à prendre la plume ?

Célia Flaux : En 2011, je faisais une overdose de vampires et je me suis promis de ne jamais rien écrire qui y ressemble de près ou de loin. Muse l’a interprété comme un défi.
Dans Anergique, les gens n’échangent pas du sang, mais de l’énergie. Je réinterpréte l’Angleterre victorienne, avec ses codes, ses tabous, ses relations d’interdépendance et ses inégalités. En introduisant un nouveau critère, celui de la nature énergétique, j’ai souhaité interroger notre façon de mettre les gens dans des cases.

Actusf : Pouvez-vous dire quelques mots sur l’intrigue, pour ceux qui voudraient découvrir ce roman ?

Célia Flaux : L’histoire se passe dans une Angleterre victorienne alternative, entre steampunk et magie. Amiya Southall, un jeune précepteur indien, suspecte le retour de la violeuse d’énergie qui l’a attaqué enfant. Il en avertit son ami d’enfance, Clément. Avec Liliana Mayfair, une garde royale, ils partent en Inde pour traquer la tueuse, mais rien ne se passe comme prévu.

Actusf : L’histoire se situe dans l’Angleterre victorienne. Pourquoi ce choix ? Est-ce une période qui vous inspire particulièrement ? Avez-vous utilisé des sources, des inspirations particulières pour créer votre univers ?

Célia Flaux : J’ai choisi l’Angleterre victorienne car c’est une société dans laquelle les rôles entre les genres sont particulièrement marqués. Le caractère, le métier, la vie familiale, l’alimentation, les vêtements… le fait d’être un homme ou une femme détermine tout à la naissance. À cette époque, il existe des inégalités très fortes entre les pauvres et les riches, avec peu d’évolution possible. Les gens naissent dans des cases dont ils ne peuvent pas sortir.
Dans Anergique, je m’amuse à créer un critère supplémentaire qui supplante tous les autres. La nature énergétique détermine les métiers possibles, la vie personnelle, mais aussi les qualités et les défauts supposés d’une personne. J’espère que ce décalage met en lumière l’absurdité de nos propres préjugés.

On retrouve ce personnage de l’héroïne enquêtrice, comme on l’avait déjà dans votre précédent roman, Le Cirque Interdit. Aimez-vous les mystères, les énigmes à résoudre ? Avez-vous des enquêteurs/enquêtrices modèles, que ce soit dans la littérature ou au cinéma ?

J’aime me jouer des apparences et surprendre les lecteurs. Il se cache bien des secrets derrière les belles façades des demeures victoriennes, tout comme dans les coulisses du cirque interdit. L’ombre et la lumière, le public et le personnel, nous ne montrons pas les mêmes aspects de notre personnalité selon les circonstances.
Je n’ai pas vraiment de modèle, mais j’aime les héros en quête d’eux-mêmes comme Ophélie dans La Passe-Miroir et Rick Deckard dans Blade Runner. Tout en menant l’enquête, ces personnages cherchent leur place dans un monde rigide.

Actusf : On lit sur votre site internet qu’à la base, le personnage principal était un jeune homme lancé sur les traces de la personne l’ayant attaqué enfant. C’est un fameux revirement de situation par rapport à l’aboutissement. Pourquoi ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le modifier ?

Célia Flaux : Quelle lecture attentive de mon site internet ! En vérité, c’est la même histoire :
• la quatrième de couverture la présente du point de vue de Liliana Mayfair, la garde royale qui part en Inde pour traquer la violeuse d’énergie,
• sur mon site internet je la présente du point de vue d’Amiya Southall, la seule victime de la tueuse qui lui ait survécu et qui suspecte son retour.

Actusf : Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder avec Anergique ?

Célia Flaux : Souvent, je ne choisis pas consciemment les thèmes que je souhaite aborder, mais j’en prends conscience après le premier jet.
Dans Anergique, je voulais parler de la façon dont les sociétés créent des préjugés et des catégories dont il est difficile de sortir. Les relations d’interdépendance énergétiques se traduisent parfois par une domination malsaine. Comment s’affirmer et trouver sa place dans une société qui ne vous laisse aucune indépendance ?
J’aime aussi interroger la notion de force et de fragilité. Selon moi, il n’existe pas d’absolu en la matière. Se croire fort n’est-il pas une faiblesse ? Se savoir faible n’est-il pas une force ?
Amiya a été victime d’un viol d’énergie dans son enfance. Il ne s’agit pas du viol que nous connaissons dans notre monde réel, mais ce personnage me permet d’évoquer les thèmes du traumatisme et de la résilience. Le fait qu’il s’agisse d’un personnage masculin est important pour moi, car cela me permet de sortir des stéréotypes de genre.

Actusf : Comment créez-vous vos personnages, votre univers ? Avez-vous recours à des images, à des musiques ?

Célia Flaux : Les personnages principaux frappent d’eux-mêmes à la porte de mon esprit. Je ne fais pas de fiches, car ils détestent les interrogatoires. Pour apprendre à les connaître, je dois cheminer avec eux, en écrivant le premier jet. Toutefois, la méthode de John Truby, dans l’Anatomie du scénario, me correspond bien, avec la définition de désir, de faiblesses, et de besoin moral. Pour en savoir plus, vous pouvez lire mon article sur la naissance de mes personnages (La naissance de mes personnages).
L’univers nécessite plus de recherches de ma part. Je ne suis pas une spécialiste de l’Angleterre victorienne, et je cherche plus l’ambiance que le réalisme. J’aime beaucoup l’esthétique steampunk, avec ses engrenages, ses cuivres, ses accessoires en cuir et ses jupons. Dans Anergique, le Londres victorien contraste avec l’Inde, ses couleurs vives, son exubérance et ses parfums. Oui, j’utilise des images, des ambiances sonores et de la musique. Pour Anergique, j’ai beaucoup écouté Les Gymnopédies d’Érik Satie.

Actusf : Vous écrivez pour les adolescents, principalement. Qu’est-ce que cela vous ouvre comme possibilités ? Qu’est-ce que ça vous permet de faire ?

Célia Flaux : Mes histoires fonctionnent un peu comme des matriochka, qui s’emboîtent de la plus petite à la plus grande. Trouver sa place au sein d’un couple, d’une famille, d’un clan, d’une société… c’est une façon d’amener les lecteurs à mieux se connaître et s’interroger sur leur place dans le monde. Mes romans correspondent donc bien aux préoccupations des adolescents, qui éprouvent le besoin de se trouver et d’affirmer leur identité.

Actusf : Enfin, qui dit nouvelle année, dit nouvelles aventures. Quels sont vos projets à venir ?

Célia Flaux : En octobre, le premier tome de ma trilogie de fantasy japonaise sortira chez Bayard. Je ne peux pas trop en dire, mais vous y trouverez cinq clans, cinq animaux sacrés (Dragon, Tigre, Kirin, Tortue et Phénix), une mystérieuse criminelle surnommée la veuve noire, et une héroïne qui lutte pour sa liberté.
Je travaille actuellement sur les corrections du tome 1, avant d’enchaîner sur celles du tome 2, et de finir la rédaction du tome 3. Je ne vais pas m'ennuyer cette année !

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