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Bonne nuit Sophia
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Bonne nuit Sophia

Entre la fin de la guerre et le début des années soixante-dix, l’Italie a connu un bouillonnement artistique dont le seul équivalent, si l’on tolère les outrances d’un archiviste enthousiaste, serait le Quattrocento ! Le cinéma, la littérature, la mode, il n’est guère de domaine dans lequel nos amis transalpins ne se sont pas illustrés. La science-fiction n’a pas échappé à ce mouvement et de nombreux auteurs se sont lancés dans l’aventure avec ardeur et talent. Lino Aldani, le plus connu d’entre eux, fut particulièrement actif dans le domaine, avec une demi-douzaine de romans, de très nombreuses nouvelles et articles de fonds. Souvent traduites en français, quelques-unes de ses histoires sont encore disponibles dans le recueil Dimension Lino Aldani, de la Rivière Blanche, et 37° centigrades, dans la collection Dyschroniques du Passager Clandestin.

Un regard critique, drôle et intelligent sur société…

L’ultime vérité que cherchent les personnages de la nouvelle éponyme, l’une des plus réussies du recueil, reflète sans doute le goût de cet ancien professeur de mathématiques et de philosophie pour les théories les plus abstraites sur la nature de l’univers. La poésie des axiomes les plus fous s’y exprime avec un panache que même la conclusion, forcément un peu faible après un tel feu d’artifice conceptuel, ne parvient pas à gâter. Tout étant une question d’équilibre, la psychologie n’est cependant pas absente des réflexions de l’auteur, comme le démontre Le kraken, une formidable histoire dans laquelle les personnages découvrent que la lâcheté n’est qu’un des masques de la peur, sans laquelle il n’est de courage possible. La lune des vingts bras, une autre de ces très bonnes surprises qui enrichiront le parcours du lecteur, est une épatante aventure spatiale dont le fond et la forme rappellent à la fois Robert Sheckley et Cordwainer Smith (sans parvenir toutefois à se hisser à la hauteur de ce dernier car Les sondeurs vivent en vain restera un sommet à jamais hors de portée…) Quant à Bonne nuit Sophia, la nouvelle qui donne son titre au recueil, elle illustre à merveille les dérives commerciales de l’industrie du divertissement, toujours prompt à encourager les pulsions libidineuses des consommateurs de produits prétendument culturels…

Bien d’autres excellents récits sont à découvrir dans cette anthologie de fictions pulpeuses, caractéristiques des années cinquante et soixante, où même les moins intéressantes d’entre elles restent assez amusantes pour passer un très bon moment de lecture. Que demander de plus ?

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