A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 1, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Fabien Clavel revient sur l'écriture de sa nouvelle, La Marche d’Almería.
Bertrand Campeis : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?
Fabien Clavel : Bonjour, je suis Fabien Clavel, maintenant auteur depuis une quinzaine d’années pour les adultes et pour la jeunesse, avec une prédilection nette pour les littératures de l’imaginaire. J’en suis à une quarantaine de romans publiés dans lesquels je m’efforce d’aborder peu à peu tous les genres et sous-genres que j’aime, tels que la fantasy, la science-fiction, la dystopie, le post-apo, le steampunk et… l’uchronie.
Bertrand Campeis : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Fabien Clavel : La première œuvre uchronique qui j’aie découverte était, sans grande originalité, Le Maître du haut-château de Philip K. Dick. Par la suite, j’avais lu avec bonheur La Porte des mondes de Silverberg dont l’influence a été décisive pour cette nouvelle.
Bertrand Campeis : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?
Fabien Clavel : J’avais écrit une nouvelle pour un autre appel à texte sur le western. Cependant, comme j’aime bien éviter de placer mes fictions en Amérique, j’avais eu recours à l’uchronie pour proposer une histoire qui se déroule en Europe du Sud.
Bertrand Campeis : Comment s'est passée l'écriture de votre nouvelle ?
Fabien Clavel : Cela remonte à un paquet d’années ! Mais je me souviens m’être bien amusé en la rédigeant. Je voulais une ambiance d’aventure décontractée.
Bertrand Campeis : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Fabien Clavel : J’avais lu quelque part que la syphilis était apparue après le retour de Christophe Colomb des Amériques. Mon idée de départ était de considérer que les maladies nouvelles avait éradiqué le continent européen au lieu de décimer les Amérindiens. J’avais été frappé de voir des colonnes de la peste dans plusieurs ville d’Europe de l’Est. Donc, j’ai imaginé, en déplaçant l’idée de Silverberg, qu’une maladie de type peste avait ravagé l’Europe après le retour de Colomb, créant une sorte de no man’s land à la place de la péninsule ibérique. Cela me permettait de faire du western à Almería, comme les westerns spaghettis de Sergio Leone.
Bertrand Campeis : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?
Fabien Clavel : Pas vraiment. Les renversements suscités par l’uchronie sont toujours intéressants en eux-mêmes parce qu’ils invitent à ne pas s’enferrer dans une histoire finaliste.
Bertrand Campeis : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Fabien Clavel : J’avais déjà imaginé une Lutèce uchronique dans La Cité de Satan (Mnémos, 2006), cette fois sous l’influence de Roma Æterna du même Silverberg. L’empereur Julien n’était pas mort en 363, l’Empire romain était resté païen jusqu’au XIXe siècle où se situait mon roman. Il avait déjà un côté steampunk, en fait. À ce sujet, je continue de travailler sur les enquêtes de l’inspecteur Ragon, le héros des Feuillets de cuivre. Or, il évolue dans une Belle Époque légèrement uchronique puisque on utilise l’éther comme source d’énergie et que le président du conseil n’est autre que Georges Du Roy de Cantel, le héros de Bel-Ami.
Bertrand Campeis : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !
Fabien Clavel : Les mots me manquent. Ils doivent être dans un monde parallèle.