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Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Sébastien Capelle
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Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Sébastien Capelle

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 1, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Sébastien Capelle revient sur l'écriture de sa nouvelle, Le Non de la Rose.

Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?

Sébastien Capelle : Fan depuis tout petit d’abord de SF, puis également de fantasy, j’ai longtemps été surtout lecteur. Tout en étant régulièrement attiré par le côté noir/éclatant/arc-en-ciel de la force de l’écriture. Depuis mes 20 ans, j’ai tenté de mettre des choses par écrit, toutes les quelques années, mais chaque fois stoppé par manque de maturité et d’énergie créative disponible (boulot très prenant + enfants jeunes).
Et puis à 44 ans, j’ai décidé de m’y mettre vraiment et d’écrire jusqu’au bout un roman. Une uchronie. Pendant tout le temps que ça m’a pris, je n’avais qu’une crainte, ne pas finir. Tout en adorant cette gymnastique mentale que constitue la scénarisation (et qui occupe l‘esprit 24H/24) : quels personnages, quels arcs, comment tout cela s’articule, comment intéresser le lecteur, sans perdre ceux qui ne connaissent pas l’histoire, tout en donnant de la matière aux autres…
Le résultat, Napoléon en Amérique, a connu un succès certain pour un livre auto-édité, avec de belles chroniques (dont une très complète par le Comptoir de l’écureuil). Tout en restant ouvert à une relation avec un éditeur qui m’apporterait une autre dimension, j’ai continué sur la voie de l’auto-édition avec deux autres romans : La Pierre de la Victoire (uchronie sur la Commune - plutôt novella d’ailleurs) et Les Chroniques de l’Uniwers (anticipation).

Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Sébastien Capelle : J’ai du mal à dater précisément cette rencontre. Par des livres comme Tancrède d’Ugo Bellagamba ou Les Couleurs de l’avenir de Jean Rebillat. Beaucoup par des BDs, avec un intérêt particulièrement fort pour Métropolis de Lehmann. J’adore aussi les romans de Guy Gavriel Kay, qui ne sont pas exactement de l’uchronie, mais qui s’en rapprochent tout de même (contexte historique de notre monde avec ses références, mais liberté totale avec les événements et les personnages). J’ai un rêve : écrire comme lui…
J’adore l’Histoire depuis tout petit, et je trouve que l’uchronie est particulièrement intéressante par la liberté qu’elle apporte au récit, à l’inverse du roman historique corseté par les faits connus.

Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Sébastien Capelle : Bertrand Campeis m’avait déjà acheté mes 2 romans (qu’il avait semble-t-il appréciés) et j’étais en contact avec lui. J’ai vu son appel à texte et j’ai immédiatement foncé !

Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Sébastien Capelle : D’une façon générale, je ne suis pas un novelliste. Dès que j’ai une idée, elle prend une complexité puis une ampleur qui déborde de ce qu’on peut faire en 30-40000 signes. Mes deux premières tentatives de nouvelles sont devenues des novellas. J’ai trouvé cela encore plus contraignant sur de l’uchronie, car il faut à la fois raconter une histoire qui intéresse, tout en s’ancrant dans une double perspective historique : le point de divergence et ce qui suit.
Heureusement, Bertrand m’a tout de suite mis à l’aise en ne mettant pas de contrainte de taille (il m’a même demandé ensuite d’ajouter un épilogue - qui est devenu cet extrait de la pièce de Guillaume Chaquespire, peut-être ce que j’ai écrit de mieux dans la nouvelle, à la fois dans la forme et le fond, à double sens).
L’écriture s’est fait facilement, en assez peu de temps. La ré-écriture a pris plus de temps (comme toujours), surtout que Bertrand me l’a d’abord refusée (trop compliquée pour un non spécialiste). Heureusement, on en a parlé, il m’a fait simplifier à l’extrême le nombre de personnages (que c’est dur sur un sujet très historique), et le résultat est bien plus intéressant évidemment.

Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Sébastien Capelle : L’idée est très simple : l’Angleterre a gagné la guerre de 100 ans (concrètement, Henry V a survécu à sa dysenterie, succédé à Charles VI le Fou et les circonstances ont joué en sa faveur), et c’est un roi anglais qui porte les 2 couronnes. Sauf que du coup, il a installé sa cour à Paris (la France est 3-4 fois plus peuplée, bien plus riche économiquement, et puis … qui voudrait passer son week end à Londres ?), ses enfants y sont nés, et 30 ans plus tard l’Angleterre n’est plus qu’une province retardée (et en permanence révoltée) du double royaume. Je me suis inspiré de la relation Angleterre / Écosse, cette dernière n’étant finalement conquise que quand un roi écossais est devenu roi d’Angleterre.
Pour tenir sur une nouvelle, j’en ai fait un huis clôt au Louvre, dans une bataille pour la succession d’Henri, avec quantité de candidats possible. Le tout se terminant par une surprise (j’espère)… Dans l’esprit des Roi Maudits ou du Trône de Fer.
J’en profite pour joindre un arbre généalogique, qui n’apparait malheureusement pas dans le livre, et qui aiderait considérablement à la lecture.

Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Sébastien Capelle : Pas de façon marquée, mais sur le rôle des femmes, oui. Trop souvent négligé et dévalorisé (sur cette période, il y a tellement à raconter…), et qui demandait beaucoup (trop) d’énergie et de talent à celles qui voulaient sortir de la domination masculine.
Plus bien sûr, le côté analyse historique.

Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Sébastien Capelle : Je viens de décider d’en faire un roman ! Sortie prévisible en 2019.

Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Sébastien Capelle : Ce fut une très belle aventure. Et même si Bertrand ne m’a quasiment pas fait retoucher le texte, ses commentaires ont été fondamentaux.
J’ai lu l’ensemble des nouvelles du recueil avec beaucoup de plaisir, et j’ai été assez bluffé par la qualité globale de tous ces textes.

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