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Sakhaline

Edouard Verkine (), Yves Gauthier (Traducteur), Ben Nicholas (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Russe
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 09/10/2020  -  livre
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Edouard Verkine - Sakhaline

Edouard Verkine est né en 1975 dans l'extrême nord de la Russie à Vorkouta. Fils d'un mineur et d'une mère pharmacienne, après des études de sociologie il se lance dans un premier temps dans la littérature jeunesse avec comme spécialité la SF et la fantasy. Sakhaline quant à lui, est son premier roman pour un public adulte.

Un roman post-apocalyptique insulaire

Alors qu'un virus dévastateur a décimé la planète, la MOB ou rage mobile qui transforme les humains en zombies, l'ordre géopolitique s'en est retrouvé complètement chamboulé. Seul le Japon semble s'être sorti indemne du feu nucléaire qui a décimé la planète en quelques mois.

Lilas, une russo-japonaise embarque sur l'île de Sakhaline pour une mission de recherche dans le domaine de la futurologie, une discipline qui s'avère hélas plus vraiment d'actualité dans ce contexte. Epaulée d'Artiom, un "enchaîné à la gaffe", son périple va alors prendre une toute autre tournure. De tremblements de terres en émeutes de bagnards, elle va alors lutter pour sa survie dans un monde hostile, désolé et désespéré.

Un très bon road trip

A la croisée entre le roman carcéral (coucou Tchekhov ! Si on n'avait pas compris la grosse allusion avec ce titre au cas où), le road trip et le genre post-apo avec des zombies. Sakhaline est certes un roman qui met un peu de temps à s'appréhender, sa densité y est pour beaucoup, et le style d'écriture n'étant pas le plus facile au premier abord. Mais, nous connaissons les auteurs russes pour leurs qualités indéniables, Edouard Verkine décrit avec brio une admirable fresque de la déchéance, du glauque et du malsain dans un monde en perdition illustré par l'île de Sakhaline. Seule lueur d'espoir, la figure de Lilas, dont la jeunesse et la naïveté dans ce monde désolé va très vite laisser place à l'instinct de survie, le vrai, avec la classe d'une figure féminine forte et surtout des gros flingues pour décimer les individus hostiles et les zombies.

Mais le discours de Verkine ne s'arrête pourtant pas qu'à cela. Il prend aussi le temps de s'arrêter pour nous décrire où nous pouvons encore trouver du beau dans un monde en perdition et pourquoi la jeunesse représente l'avenir de l'humanité.

En ouvrant ce livre je pensais tomber sur un énième roman post-apo que j'oublierais peut-être rapidement et j'en suis ressortie avec des étoiles plein les yeux et la tête qui fourmille de mille pensées, sombres et joyeuses à la fois. Verkine use de son cynisme post-soviétique pour s'adonner à des railleries sur un capitalisme déchu, où la grande puissance américaine s'est vue reléguée au statut de pays qui n'existe plus. On rencontre une multitude de personnages tout autant grotesques qu'effrayants jusqu'à en donner le tournis, et la nausée, aussi.

Pour conclure ma chronique, j'ai envie de vous citer ceci : "Plus personne ne lit de livres Lilas, plus personne... Ça ne sert à rien. - Si ça sert. […] Vous vous trompez lourdement Lilas. Jamais aucun grand livre n'a sauvé le moindre pays. C'est banal, mais c'est vrai."

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