Abondamment traduite en France dans les années quatre-vingt, Carolyn Cherryh est l’une des rares personnes dont le nom a été donné à un astéroïde par quelques astronomes amateurs de planet opera. Souvent récompensée par les prix les plus renommés (Hugo, Locus, Astounding…), ses romans font la part belle aux extra-terrestres et aux voyages spatiaux, et font preuve d’un sense of wonder que beaucoup lui envient certainement. Cette dame prolifique et pleine de ressources a également écrit d’excellents romans de fantasy, certains de ses très nombreux récits allant même jusqu’à mêler les deux genres avec bonheur.
Après sept ans, la fin d’un voyage et le début des problèmes…
Après sept ans de voyage, Sam Merritt, un ingénieur terrien, arrive enfin sur Hestia afin de répondre à la demande du petit groupe de rudes colons qui occupe la planète. Confinés dans une seule vallée, en raison de la présence hostile des créatures autochtones qui hantent les montagnes, ils sont de surcroît menacés par des crues récurrentes. L’unique solution raisonnable consisterait à construire un barrage, mais l’entreprise est rendue dangereuse par les attaques des Hestians, invisibles et féroces, et qui semblent bien décidés à ne pas laisser détruire impunément leur environnement. Les colons sont cependant décidés car, à part leur relocalisation sur un autre monde, la Terre ne leur propose aucune solution alternative. Ce sera donc le barrage ou la mort ! La capture d’une de ces créatures indigènes par Sam Merritt pourrait-elle changer la donne ? Ne sont-elles que des animaux sauvages ou possèdent-elles une forme d’intelligence proche de celle des humains ?
La rude vie des colons sur la frontière…
Avec cette trame de western classique, on ne peut pas dire que Carolyn Cherryh innove beaucoup mais, grâce à son remarquable talent de conteuse, la magie opère cependant et nous immerge rapidement dans l’ambiance de la vie sur Hestia. Ses colons sont rustiques, parfois analphabètes, alcooliques et, surtout, désespérés. Dans ces conditions, comment leur en vouloir vraiment pour les mauvaises décisions qu’ils prennent parfois, ou pour leur obstination buttée face à l’avis pourtant compétent d’un ingénieur qui vient d’une planète où la vie est plus facile ? Récit d’aventure, avec son lot de violence et de découvertes, mais aussi fable romantique autant qu’épopée rappelant irrésistiblement la conquête de l’ouest, Hestia est un excellent moment de lecture, un planet opera que n’aurait pas renié Jack Vance et dont les personnages pourraient bien nous ressembler davantage que nous le souhaiterions… C. J. Cherryh a trop longtemps manqué sur les étagères des librairies françaises, souhaitons que les récents omnibus consacrés à son cycle de Chanur connaîtront un succès qui permettra à de nouvelles générations d’aborder sur les mondes qu’elle a créés…
