Une uchronie enracinée dans le réel

Spécialistes de l’uchronie, le trio Pécau, Duval et Blanchard avait proposé il y a quelques années une trilogie centrée autour du 11/09 : et si les attentats avaient pu être déjoués ? En vieux routiers, ils se sont inspirés de deux personnages réels, l’ancien agent du FBI John O’Neill, surnommé le prince des ténèbres, et Robert Baer. O’Neill fut numéro 2 du FBI et un des premiers à avoir eu conscience de la dangerosité de Ben Laden et d’Al Qaïda. Aucun de ses avertissements ne fut pris en compte et il démissionna. Chef de la sécurité du World Trade Center, O’Neill est retrouvé mort le 11/09. Et si on l’avait écouté ? Voici donc les trois albums originels réunis en un seul volume édité opportunément pour le vingtième anniversaire de ce tragique attentat.

L’homme de l’ombre

21 janvier 2005, John Kerry vient d’être investi comme président des États-Unis. Il doit procéder à la nomination du directeur du FBI et un nom lui est recommandé par le vice-président Obama, celui de John O’Neill. Six ans plus tôt, O’Neill avait enquêté avec les agents Sullivan et Carter sur l’attaque terroriste sur les tours de Khobar en Arabie saoudite. Les saoudiens pensent que ce sont les iraniens mais le type d’explosif utilisé intrigue l’américain et l’amène à rapprocher cet attentat de d’autres attaques. O’Neill est persuadé qu’un certain Ben Laden est derrière tout ça mais personne ne l’écoute…

Un scénario impeccable mais…

Franchement, l’histoire livrée ici est à la fois délassante, prenante et aussi parfois angoissante : on se dit que finalement, ces attentats auraient pu être évitées. L’effort de documentation ne nuit en rien à la narration, Pécau et ses acolytes restent les maîtres du genre uchronique. Par contre, les dessins de Kordey (qu’on a connu sur les X-men, période Grant Morrison), n’en déplaise à certains, manquent de dynamisme et encrage et couleurs (celles-ci sont dues à Jérôme Maffre) sont trop grasses. Dommage, ils nuisent à une histoire de qualité…

Sylvain Bonnet