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L’instant Critic - février 2016
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L’instant Critic - février 2016

 Comme une sorte de tradition, février n’est pas le mois le plus chargé en nouveautés, c’est le moins que l’on puisse dire. En librairie, la digestion post-Noël suit son cours, c’est-à-dire que les libraires font leurs retours, rajustent leurs rayons, préparent au mieux les mois suivants, travaillent les nouveautés... Les lecteurs, eux aussi, sortent moins de chez eux, écument moins les rayons de leur libraire favori. L’hiver du livre est là, à défaut d’être purement climatique ! Néanmoins, la période s’avère propice à la lecture et les lecteurs que nous sommes font le plein d’imaginaire pour les mois à venir. Il se trouve, donc, que nous avons épluché nos services de presse et papillonné parmi les nouveautés d’éditeurs divers et variés.
 
Nous ne parlons que peu de jeunesse dans cette rubrique, c’est pourquoi, ce mois-ci, nous vous proposons un gros plan sur un roman à paraître chez PKJ, en l’occurrence un Young Adult de Lynne Matson intitulé NIL (traduction par Guillaume François). Charley, une adolescence a priori comme les autres, se voit projetée via une sorte de porte dimensionnelle sur un île mystérieuse, que ses habitants provisoires, tous jeunes pour une obscure raison, ont baptisé NIL. Pourquoi les résidents de cette île sont-ils seulement de passage ? Tout simplement parce qu’une personne ne peut y rester plus d’un an sous peine de… mourir. Alors, comment en repartir ? Eh bien, par une de ces portes qui a amené Charley sur l’île. Mais pas faciles de les avoir… Il existe donc des portes entrantes, et des des sortantes. Sur l’île, Charley va vite sympahiser avec d’autres adolescents, eux aussi prisonniers de l’île, et à qui il reste plus ou moins de jours avant la fin de leur « séjour », ce qui n’est pas sans provoquer quelques tensions et quelques drames. Très vite, Charley se prend de sentiments pour un jeune homme, Thad, et tous deux se lieront pour tenter de survivre, et de s’enfuir de NIL. 
 
Avec ce premier roman, Lynne Matson nous livre un roman tout en douceur, alternant les points de vue de Thad et Charley, donnant au récit un rythme agréable. Les pages défilent, on s’attache à nos deux héros qui n’en sont pas tant que ça. Car si Matson n’évite pas certains clichés, dont, parfois, un trop plein de romantisme, elle hameçonne le lecteur avec d’autres pour mieux les contourner. Ainsi, contrairement à certains récits dystopiques à la mode tels que Le Labyrinthe, Dualed ou même Hunger Games, le récit laisse encore plus de place aux interactions entre les personnages, à leur courage et leurs failles, plutôt qu’à la violence et à l’action de tous les instants. Si le mystère des portes et de NIL restera, au final, légèrement nébuleux – une suite de prévue ? –, le lecteur se délectera d’une belle histoire d’amour et de personnages pleins de saveur. Un zeste de Lost, un autre de romance pour un joli équilibre global. Une bonne pioche !
 
Continuons avec la collection Une Heure-Lumière. Le mois dernier nous vous avons parlé de Nancy Kress et de Thomas Day : cette fois-ci, nous vous recommandons sans sourciller Le Choix, novella de Paul J. McAuley. Dans un futur proche où l'humanité subit les dégâts écologiques causés par elle-même, l’auteur nous raconte le parcours de deux adolescents, Lucas et Damian, dont l'amitié et le destin va se jouer autour de la découverte d'un "dragon" échoué près de leur île rognée par la montée des eaux. Les dragons sont des "artefacts" extraterrestres mystérieux, qu’on ne peut ni ouvrir ni visiter. Mais au marché noir, un morceau d’artefact peut valoir la fortune à son revendeur. Ou l’infortune car, ici, ces pratiques sont totalement interdites. Comme chez Genefort dans Points Chauds, les ET's sont venus, ont apporté des techniques et des trous de vers qui permettent de rejoindre des planètes pour lesquelles, évidemment, le tout commun n'a pas forcément de ticket. C'est le cas de Lucas et surtout Damian, battu par son père, qui rêvent d'un avenir plus doré. Le Choix est avant tout une histoire gorgée d'humanisme (avec ce motif du passage à l'âge adulte, on comprend mieux l’obtention du Prix Sturgeon, auteur bien connu pour cette thématique dans ses récits), le destin de deux amis qui ne prendront pas forcément le même chemin de vie, jalonnée de jolies idées SF. Une SF douce, portée par la délicatesse d'une plume fort bien retranscrite en français par Gilles Goullet. Lecture plus que chaudement recommandée. Ce même mois, vous pouvez également vous ruer sur Monster Cookie de Vernor Vinge, le papa de la singularité, qui nous livre un récit tout aussi impressionnant. Vinge ? Un des rares auteurs de hard-science qui parvienne à captiver le lecteur à la fois par la qualité de sa plume et la forcede ses idées.
 
Avec ses quatre premiers titres, la collection Une Heure-Lumière s’impose déjà comme incontournable. Nous aurons d’ailleurs le plaisir de recevoir l’équipe du Bélial le 20 février pour une dédicace de Thomas Day (à la librairie), suivie d’une intervention avec Olivier Girard et Thomas Day au bar-jeux L’heure du Jeu (http://www.lheuredujeu.fr/). Le tout à Rennes, bien sûr !
 
Pour finir, ne râtez pas, dans le cadre du mois du cuivre chez Bragelonne, la réédition d’Homunculus de James P. Baylock, un des tout premier récits de steampunk, resté également un des tout meilleur. Londres, savant fou, courses poursuites sont au rendez-vous d’une folle histoire centrée sur la disparition d’une mystérieuse boîte…
 
Chez Critic, si vous souhaitez vous amuser avec du planet-opera dynamique et bien troussé, on vous suggère la réédition du cycle Le Dieu du Delta de Bertrand Passegué. Le premier tome, Nouveau Monde, vous embarque dans un autre système planétaire, et dans une aventure coloniale qui tourne mal. Cycle en trois tomes, largement révisés par l’auteur.
 
En poche, ruez vous sur la sortie (chez Folio) du troisième recueil de Mélanie Fazi, Le Jardin des silences. C’est l’occasion, si vous ne connaissez pas encore, de découvrir un écrivain d’exception, qui n’écrit quasiment que des nouvelles (auteure de deux romans). Du fantastique, un brin de fantasy, un style profond et fécond en idées et en images. Une lecture essentielle.
 
Et enfin, pour finir, nous vous suggérons un petit détour vers Joyland, de Stephen King, qui sort au Livre de Poche. Au programme clowns qui foutent la pétoche et une ambiance fête foraine comme seul le maître parvient à nous les retranscrire avec une telle intensité. Un vrai délice.
 
 
Sur ce, nous n’avons plus qu’à vous souhaiter de bonnes lectures et vous donner rendez-vous le mois prochain, qui promet d’être intense en nouveautés alléchantes !
 
Xavier Dollo & Simon Pinel 

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