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Date de parution : 01/05/2025
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La machine à prédire la mort

Colonel attaché au service du renseignement Français au cours de la première guerre mondiale, Charles Robert-Dumas a écrit une dizaine de romans d’espionnage et de très nombreux contes pour enfants. Quant à Roger-Francis Didelot, il fut surtout connu pour ses innombrables romans policiers, que les curieux pourront facilement se procurer en écumant les stocks de la célèbre collection Le masque chez leurs bouquinistes favoris… La machine à prédire la mort est l’une de leurs rares incursions dans le domaine de la science-fiction.

Qui souhaiterait vraiment savoir ?

Avec son patronyme banal, le docteur Jean Durand aurait pu se contenter d’une vie modeste au service de l’humanité souffrante. Pourtant, il ne nourrit qu’une seule ambition : dominer le monde grâce à la machine qu’il vient d’inventer, et qui serait capable de prédire avec certitude la date exacte de la mort des hommes dont elle analysera les ondes vitales. Sa fiancée et son meilleur ami vont tenter de le persuader d’abandonner son projet, susceptible de causer plus de mal que de bien, mais leur amitié suffira-t-elle à remettre le docteur Durand sur le droit chemin ? En plus des considérations morales que son usage suscite, comment savoir si la machine, au lieu de seulement prédire la mort, ne la causerait pas, de manière indirecte ? La mégalomanie croissante de ce savant fou aura-t-elle une limite ?

Une machine à susciter la panique…

Voilà un bel exemple de cette littérature populaire qui fit les délices de nos aïeux. Publié juste avant la seconde guerre mondiale, ce roman conserve encore bien des aspects d’une littérature qui devait déjà sembler vieillotte et convenue en regard de l’œuvre d’auteurs comme Régis Messac, avec son Quinzinzinzili paru en 1935 ou encore Jacques Spitz et sa Guerre des mouches, en 1938, dont le contenu et le style nous étonnent encore aujourd’hui par leur originalité et leur ton plus qu’incisif… Pourtant, La machine à prédire la mort est bien loin d’être sans intérêt, un peu comme ces films des premiers temps du cinéma parlant dans lesquels les acteurs conservaient encore les poses grandiloquentes du muet. Impeccablement écrit, le texte de nos deux auteurs reste ancré dans la tradition du roman populaire, avec des envolées lyrico-romantiques qui forment un étrange contrepoint à l’histoire de cet homme, Jean Durand, cynique et rongé par la haine qu’il éprouve pour ses semblables. Une curiosité, certes, mais aussi un témoignage sur une époque troublée, figurée par la présence du sinistre Nelkenthal, agent secret au service de l’Allemagne Nazie et que la machine intéresse au plus haut point… Et pour les cinéphiles, signalons l’existence d’une adaptation sortie la même année que le roman sous le titre de Le monde tremblera, dans laquelle l’espion a été remplacé par un homme d’affaire autrichien, mais tout de même joué par le grand Erich Von Stroheim !

 

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