Retour sur Le Moineau de Dieu

Anthropologue de formation, Mary Doria Russell s’est fait rapidement connaître via son premier roman de science-fiction Le Moineau de Dieu (1996), le premier d’une série qui traite du contact avec une civilisation extra-terrestre. Ce roman, primé à de nombreuses reprises par le prix Arthur C. Clarke, Prix Astounding du meilleur nouvel écrivain, Prix James Tiptree Jr. et le prix British Science-Fiction. En bref, cette romancière originaire de Chicago est un incontournable de l’Imaginaire. Publié une première fois chez Albin Michel en 1996, cette pépite a été rééditée chez ActuSF en 2017 et on le retrouve depuis 2019 chez Pocket.

Un petit côté "Premier Contact"

2019, un signal musical est capté par la Terre. Un événement inédit qui met en émoi de nombreuses organisations. C’est finalement la Compagnie de Jésus qui arrive à financer un projet inédit d’expédition vers cette planète inconnue. Emilio Sandoz, prêtre et linguiste de talent est alors convié à son bord, ainsi qu’un équipe hétéroclite d’athées et de jésuites. Une mission apparemment prometteuse bercée de projets idéalistes. 2059, Emilio revient, il est le seul survivant de la mission, mutilé, traumatisé, on dit qu’il aurait commis un cri et se serait prostitué. Son retour provoque un chaos dans la communauté internationale et décrédibilise alors la communauté de Jésus, Mais que s’est-il passé au juste ?

Une expédition qui met à mal la foi d’un homme

Tout l’intérêt de ce roman réside surtout dans le fait qu’on a affaire ici à une anthropologue, qui met en lumière ses connaissances sur le terrain au profit d’une histoire fictive de “rencontre du troisième type”. il aurait pu tout aussi bien s’agir d’une rencontre au sein d’un peuple autochtone insulaire, le message reste le même. Et pour cause, le personnage principal est un homme de Dieu, avec ses qualités et ses défauts, mais il réfléchit en tant que linguiste dans son approche avec une espèce et plus largement une civilisation aux mœurs inconnus et parfois déroutants. On évite alors ici tous les clichés de guerre intergalactique stérile pour finalement se concentrer sur le contact entre ce petit groupe d’humains et “l’autre” originaire de la planète Rakhat.

Faire le parallèle entre ce roman et Premier Contact n’est au final pas si absurde. On a bien ici affaire à un choc de cultures, le souci pour les protagoniste est de devoir appréhender une nouvelle langue avec ses subtilités inhérentes à la civilisation locale. Comment arriver à se faire comprendre si on ne parvient pas à s’imprégner totalement le mode de pensée de l’autre ? Ici, le linguiste et le traducteur sont les vrais héros de l’histoire dont la simple erreur de compréhension peut provoquer un incident diplomatique et humain sans précédent.

Le roman suit plusieurs parcours, celui du procès de Sandoz, des origines de l’expédition et du personnage, et enfin, de la mission en tant que telle. Tous ces éléments savamment tissés permettront alors au lecteur d’élucider le mystère, à la manière d’une enquête policière de la tragédie qui s’est déroulée sur la planète Rakhat et d’en comprendre les raisons.

L’approche psychologique de Mary Doria Russell fait de ce Moineau de Dieu le roman parfait pour aborder le domaine de la science-fiction aux lecteurs frileux du genre.