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Revivre encore
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Revivre encore

Lorsqu’il est question d’auteurs prolifiques, le nom de Robert Siverberg vient sur toutes les lèvres. Ce diable d’homme a même été soupçonné d’avoir rédigé, sous divers pseudonymes, une grande partie de ce qui était publié dans les pulps de la fin des années cinquante ! Mêlant, au cours de sa carrière, les productions alimentaires et les réussites majeures, il a écrit des millions de mots dans un répertoire d’un éclectisme impressionnant (histoire, érotisme, vulgarisation scientifique, biographies, archéologie…) Les livres de Robert Silverberg font partie de toutes les meilleures bibliothèques de SF, un domaine dont il reste l’un des plus talentueux géants…

Revivre mort ?

Dans un avenir peut-être pas si lointain, Helmut Scheffing a trouvé le moyen de donner corps à une forme d’immortalité. Il ne s’agit cependant pas tout à fait de ce dont l’humanité a rêvé pendant des millénaires, car il s’agit d’enregistrer la psyché et les souvenirs d’un individu afin de restituer sa personnalité, après son décès, en la transférant dans le cerveau d’un vivant. Bien entendu, les tarifs prohibitifs de l’opération la réservent pour les plus fortunés. Mark Kaufmann et John Roditis, deux puissants hommes d’affaire, ont des vues sur la persona de Paul Kaufmann, récemment décédé et qui serait susceptible de leur procurer un avantage de taille dans la réalisation de leurs projets. Risa, la fille de Mark Kaufmann, et Elena, sa maîtresse, intriguent de leur côté et vont encore compliquer la situation. Sexe, argent et pouvoir, la Sainte Trinité des affaires sera-t-elle épaulée par une philosophie bouddhiste dévoyée au service des désirs les plus matériels ? En attendant sa réincarnation, ce qui demeure de Paul Kaufmann reste stocké dans l’une de ces banques d’âmes dans lesquelles sont conservés les enregistrements des personae de riches défunts…

Un roman en attente de réincarnation depuis trente ans…

Même si les deux romans sont très différents, celui de Robert Silverberg évoque fortement UBIK, de Philip K. Dick, au point que l’on a parfois le sentiment de se trouver dans le même univers. Cette impression est due au sujet, la morts et les banques d’âmes, bien sûr, mais également à la manière dont sont construits les principaux personnages et leurs relations, avec le contraste apporté par un puissant protagoniste et un autre, beaucoup plus modeste, qui lui est inféodé. Ce schéma, fréquemment employé par Dick, est particulièrement apparent dans des œuvres comme Les trois stigmates de Palmer Eldricht ou Glissement de temps sur Mars. Écrit à la fin des années soixante, pendant la période qui donnera des chefs d’œuvre tels que L’homme dans le labyrinthe ou Le livre des crânes, Revivre encore a été quelque peu oublié, bien que les rééditions des romans et nouvelles de l’auteur n’aient jamais cessé d’être abondantes. Si vous pensiez avoir lu tout Dick et (presque) tout Silverberg, sachez donc qu’il vous reste encore un très bon livre à découvrir. Sans les délires psychédéliques qui font le charme des romans de Dick, Revivre encore constitue néanmoins un de ces trésors que l’on espère toujours trouver en fouinant dans la bibliothèque de l’archiviste…

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