Octobre : ses petites pluies agaçantes, ses matins brumeux, et ses zombies !
Eh oui ! Quoi de mieux pour célébrer le mois d’Halloween que de se cacher sous un plaid avec un roman d’horreur dégoulinant ? Aujourd’hui, on vous propose de revisiter les histoires de zombies avec Carne de Julia Richard aux éditions HSN.
(Attention, ce livre reste pour un public averti, il traite de thèmes sensibles comme le viol, le cannibalisme, la violence et le meurtre. N’hésitez pas à passer votre tour si ces thèmes vous mettent mal à l’aise, l’important lorsqu’on lit, est de se faire plaisir !)
Rien que la couverture nous met dans le bain (de sang) : une magnifique barquette de viande rouge toute prête à être dévorée. Mais ne serait-ce pas une oreille humaine qu’on aperçoit ? Effectivement, dans ce roman, le personnage principal, Simon, un homme classique et rangé qui partage sa vie tranquille entre sa femme, les crises d’ados de ses enfants, et son travail qui lui donne un sentiment d’importance, se réveille une nuit avec une envie irrépressible de sang. Après avoir tué (et mangé) le chien familial, il comprend peu à peu qu’il est victime d’un parasite, comme beaucoup d’autres, et que sa faim (que dis-je, sa FAIM) ne s’arrêtera pas là.
Avec Carne, l’autrice nous propose une vision sombre et pop du zombie, et se pose la question suivante : et si on avait une bonne excuse pour croire à une apocalypse zombie ?
Voici trois bonnes raisons de lire Carne de Julia Richard cet automne :
Une histoire de zombies qui change de point de vue
Vous aussi vous commencez à vous ennuyer devant les films ou les livres de zombies qui nous montrent la même histoire survivaliste en boucle ? En effet, la plupart de ces histoires, avec en tête de proue, The Walking Dead, se concentre surtout sur la partie encore humaine de nos semblables, et sur leur survie saupoudrée de dégommage de zombies.
Mais Julia Richard prend cette tendance à contre-pied et nous raconte cette fois l’histoire du point de vue du zombie lui-même. Dans Carne, on suit Simon qui se transforme peu à peu, ne comprenant pas ce qui lui arrive, et se sentant toujours humain malgré tout. Incompris, perdu, et incapable de se contrôler, il nous fait nous rendre compte de sa détresse face à ceux qui sont encore humains, prêts à le tuer sans y réfléchir à deux fois. Sans tomber dans le pathos et en restant honnête avec la réalité zombiesque de Simon, l'histoire nous montre son dilemme intérieur.
On peut penser ce que l’on veut de Simon, mais son point de vue reste touchant, et malgré ses (nombreux) travers, on s’attache à lui au point de ressentir un grand sentiment d’injustice lorsqu’il est traité comme un vulgaire mort-vivant.
Une expérience temporelle
L’identification (parfois troublante) du lecteur au personnage de Simon est aussi due à la façon dont Julia Richard a décidé de nous narrer cette histoire. Effectivement, nous sommes loin d’un roman classique et linéaire puisque les chapitres sont… dans le désordre !
Grâce à ce choix déroutant mais très bien mené, le lecteur se retrouve dans la même situation que Simon : perdu, seul, déboussolé. Les scènes s’enchaînent de plus en plus brutalement tandis que Simon prend la mesure de sa transformation et se rappel des événements floutés par la violence. La lecture elle-même devient autre chose, presque une expérience de transformation que l’on vit avec Simon.
Mais n’ayez pas peur, l’autrice maîtrise parfaitement son histoire, sa plume, et son sujet, car jamais on ne se perd complètement dans Carne. Les petits bouts du puzzle finissent par s’aligner parfaitement comme pour le monde de Simon qui met en place une nouvelle organisation sociétale après cette pandémie inattendue (ça vous rappelle quelque chose ?).
Une critique drôle et acide de la société
Parlons d’ailleurs de la société. L’autrice ici ne raconte pas seulement une histoire de zombie pour le simple plaisir de décrire des scènes gores et sanglantes. Son ton est tantôt grinçant, tantôt acide, tantôt choquant, mais toujours juste, pour nous mettre face à nos propres contradictions et à celles de notre vie de tous les jours.
Car jusqu’où peut-on aller pour nourrir ses besoins, ses convictions, et surtout, pour les justifier ? Alors que les zombies sont de plus en plus nombreux, le monde de Simon part en vrille, autant que le personnage lui-même. Avec sa fille Jessica, qui se met en tête de l’aider (pas totalement innocemment), ils se mettent à chasser pour lui permettre de se nourrir. D’abord des SDF, des gens hors de la société, puis ils passent à la vitesse supérieure : pourquoi ne pas utiliser cette situation pour faire le bien et se faire justice soi-même ? Car Jessica a vécu des choses compliquées et veut se venger. Qui a dit que l’on ne pouvait pas jouer avec la nourriture tout en faisant sa B.A. ?
Toujours pleine d’humour cinglant et de références de la pop culture qui feront sourire les lecteurs, Julia Richard dresse un tableau brutalement honnête de notre monde qui pourrait basculer dans le chaos à la moindre secousse (ou au moindre coup de dents).
Alors, selon vous : la faim justifie-t-elle les moyens ?
Retrouvez toutes les informations sur le roman de Julia Richard ainsi que les premiers chapitres gratuitement sur le site des Éditions de l’Homme Sans Nom.