On sait déjà depuis Matrix qu'une vie numérique c'est un peu la loose. Mais ça me donne envie de vous parler de la série Upload !
"Dans un futur où les humains sont capables de "s'uploader" dans la vie après la mort, Nathan, mort prématurément, est accueilli dans sa version du paradis par une certaine Nora. Il va lui falloir s'adapter..."
Après Parks and Recreation et The Office, les deux sitcoms sur le monde du travail, Greg Daniels s'est lancé dans la série Upload, une sitcom dystopique de science-fiction : un monde où l'on peut s'uploader et vivre pour l'éternité sur des serveurs, vendus comme des Paradis. Très drôle et plutôt subversive, la série est sortie en juin 2020 sur Amazon Prime, et une saison 2 est prévue pour 2022 !
Une vie après la mort
Nathan a 27 ans, une famille qu'il aime, une copine vraiment... belle, et un meilleur ami avec qui il rêve de réaliser son projet d'upload gratuit pour tout un chacun. Malheureusement, il meurt des suites d'un accident de voiture autonome, et choisit de s'uploader. Enfin... vous verrez.
L'upload fait de vous... vous, mais dans une version numérique, qui sera déposée sur un "paradis", un serveur auquel vous aurez souscrit un abonnement ! Nathan, qui n'avait pas prévu de mourir, se retrouve sur Lakeview, le meilleur paradis virtuel selon la publicité, un hôtel de style victorien du nord des États-Unis, au joli paysage.
La transition est rude et pour la faciliter, à chaque nouvel arrivant est assigné un "ange gardien", une voix qui le guide, mais aussi quelqu'un qui se charge de le reconstruire, autant par son avatar que par son soutien. C'est comme ça que Nathan rencontre Nora, qui elle est bien vivante, et travaille comme ange gardien, devant son ordinateur et ses lunettes de réalité virtuelle. Peut-on tomber amoureux virtuellement ?
Les dangers de la vie numérique
Alors voilà, Nathan n'est pas mort. Mais il n'est pas vivant pour autant ! Il est seulement une présence, il existe numériquement. Cela pose la question de la simple existence comme conservation. Dans Upload, on permet aux gens de vivre une vie après leur mort, mais on les archive aussi. Grand-père est mort ? Pas grave, on peut quand même lui rendre visite quand on a un petit moment en mettant ses lunettes de réalité virtuelle.
Nathan découvre bien vite cette barrière entre les vivants et les êtres numériques, mais aussi ses dangers !
Car comme on le sait, les data center ça peut brûler ! Dans Upload, quand on n'est pas dans les serveurs, on est dans un simple disque dur externe. Il est conseillé de les protéger, mais la protection est facturée. On peut facilement être détruit. Et puis surtout les "paradis" sont vulnérables aux bugs, aux piratages, et autres attaques cybernétiques ! Pire, car si son abonnement se termine, on disparaîtra purement et simplement. Pas trop de quoi se sentir en sécurité.
Les dérives du consumérisme
Que demande de plus le capitalisme que des consommateurs éternels ?! Sous couvert d'offrir une opportunité de continuer à exister après la mort, les paradis deviennent surtout un moyen de pousser les gens, peu importe leur classe sociale d'ailleurs, vers cette existence sous forme de données, et surtout sous abonnement.
Une vie d'ailleurs que l'un des personnages s'interdit, parce qu'elle nie les fondements religieux de vie après la mort, et pourrait empêcher l'accès au véritable paradis et donc la possibilité d'y rejoindre ses proches, et ce malgré la propagande publicitaire de ces géants numériques qui pousse la population à devenir numérique, voire la manipule carrément.
Malgré un ton humoristique qui nous fait craquer, Upload est une véritable critique du capitalisme à l'ère digitale (avec l'omniprésence des pubs, les options payantes, les différents paradis plus ou moins abordables, le statut des 2gigas...), où même la nourriture peut être imprimée en 3D. Mais elle met aussi en garde contre le partage des données personnelles, qu'il soit volontaire ou pas. Parce que quand les bots de supermarché vous orientent vers des tailles de produits qu'on préfère généralement acheter discrètement c'est un peu invasif, idem pour une app de rencontre avec des notations de performance sexuelle.
Au final, une vie numérique peut assez vite devenir cauchemardesque. Heureusement le ton humoristique de la série, qui démontre tous les côtés absurdes de cette société et de ce vers quoi tend la notre, en fait une série absolument excellente et bien plus profonde qu'on peut d'abord s'y attendre.
Pour conclure rappelons que, bien sûr, il n'existe pas encore de data center assez grand pour sauvegarder l'entièreté de ce que représente un être humain en données numériques, si jamais on pouvait bien sûr traduire notre être en données numériques. Et alors en sachant qu'un mail envoyé (d'ailleurs connaissez-vous Cleanfox ?) crée l'équivalent de 10gr de CO2... bref, heureusement une vie numérisée semble assez loin de nous comme cauchemar.
