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Une année de lecture, Anne Besson - 2012
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Une année de lecture, Anne Besson - 2012

Des grands classiques (re)mis à disposition de tous :
S’il n’est pas le plus accessible des romanciers, la traduction gomme beaucoup des archaïsmes volontaires de son écriture en anglais, et sa lecture vaut largement d’être entreprise, tant elle redonne sens à des vocables galvaudés tels que « charme » ou « émerveillement ». Grand érudit et amateur de romans merveilleux médiévaux, Morris se place directement dans cette filiation, retrouvant un mélange de fraîcheur naïve et de profondeur de choses qui évoquent directement le conte et l’aventure chevaleresque.
 
 
Et des rééditions bienvenues de grandes œuvres dispersées ou difficilement accessibles :
Le Mythe de Cthulhu de Lovecraft (Bragelonne) et le cycle de Thomas Covenant de Stephen R. Donaldson (Le Pré aux Clercs)
 
 
 
 
De la fantasy anglophone et francophone :
En 500 pages très denses, le petit génie américain, qui m’avait un peu perdu avec le cycle Fils des Brumes, démontre à nouveau sa capacité à mener de front une intrigue passionnante, pleine de rebondissements, et la présentation convaincante et précise d’un monde très original. (...) Il est difficile de donner une idée complète de la richesse de l’ouvrage sans en dévoiler trop non plus sur les retournements de situations : lecture conseillée en tout cas, sans doute le meilleur roman traduit depuis la rentrée.
 
Moins héroïque et moins moral, il annonce des romans plus boueux, plus épineux, ayant faites leurs les dures leçons du polar contemporain sur la nature de l’âme humaine, et celles du roman historique sur le vrai visage de la guerre – et au-dessus de tout cela, portés par un goût du récit qui justifie à lui seul que, loin de reposer le livre, dégoûté par cet amas d’atrocités, on se surprenne à ne pas le lâcher, et à en demander encore… Le Prince écorché en est un excellent exemple.
 
(...) la fantasy française prouve à nouveau qu’elle sait désormais faire jeu égal avec les auteurs anglophones dans le registre « classique » où ils excellent, et c’est une bien bonne nouvelle ! Le Puits des Mémoires se dévore. Il faut dire que le point de départ de l’amnésie est toujours porteur quand il s’agit de découvrir un monde et un mystère. (...) Le deuxième tome sait se faire attendre, les informations étant parfaitement répartis pour entretenir l’attente : vivement la suite !
 
Tous les codes de la grande fantasy cosmogonique sont là, carte, chants, mythes, précisions calendaires, profondeur historique, superbement gérés par l’érudition de l’auteur (...) L’action, quant à elle, avance à un rythme plutôt lent : elle se donne le temps de la plus grande profondeur psychologique (...) et déploie les charmes d’une écriture particulière dans son lexique et sa syntaxe, littéralement envoûtante.d’un édifice qui a désormais tout pour atteindre des hauteurs impressionnantes. C’est donc superbement écrit et très convaincant au niveau de la cohérence du monde secondaire. (...) Reste que ce premier volume pose les fondations d’un édifice qui a désormais tout pour atteindre des hauteurs impressionnantes.
 
 
Pour ceux qui préfèrent les nouvelles :
L’anthologie a été publiée à cette occasion, et une telle manifestation de convergence entre la recherche académique et la création fictionnelle vaut vraiment d’être saluée comme un signe fort d’un rapprochement entre les deux « mondes » en très bonne voie aujourd’hui en France. L’introduction de l’anthologiste, lui-même latiniste de formation, revient sur cette démarche pour faire de l’imaginaire une sorte de refuge pour des savoirs classiques en voie de disparition dans le système scolaire et universitaire – un peu comme cela a été le cas pour le Moyen Âge, l’engouement pour la fantasy pourra-t-elle « sauver » hellénistes et latinistes ?
 
Le genre « néo-arthurien » ayant été énormément illustré depuis le XIXe siècle anglais, il y a une sorte de prouesse pour les auteurs à s’y attaquer et à mettre encore au jour des options nouvelles, des hypothèses sur un mystère, des regards sur un personnage, des croisements inédits. De ce point de vue, l’ouvrage, constamment original, est une vraie réussite
 
 
Et pour les adolescents : 
Le superbe Quelques minutes après minuit de Patrick Ness, avec les illustrations de Jim Kay (Gallimard Jeunesse)
Fille des Chimères, Laini Taylor (Gallimard Jeunesse)
 
 
Anne Besson

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