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La Chasseresse écarlate

François Debois (Scénariste), Gwendal Lemercier (Dessinateur), Jean Bastide (Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
BD
ISBN : 9782849467978
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Aymeric   - le 27/09/2018

La Chasseresse écarlate

François Debois s’y connaît en Fantasy et univers celtisants : Breton de naissance, il est un grand contributeur de la collection « Soleil Celtique », et le scénariste d’une demi douzaine de séries, et d’encore quelques autres chez Delcourt, les Humanoïdes Associés et Carabas. C’est donc sans surprise qu’on retrouve sa signature au bas de la dernière saga celtique de Soleil. Il fait cette fois équipe avec le dessinateur Gwendal Lemercier (me croirez-vous ? il est breton aussi…), qui s’est lui-même fait une spécialité de mettre en images les contes traditionnels celtiques, d’abord en jeu vidéo, et maintenant en BD. Tous les ingrédients sont là pour une bonne BD celtique / darkfantasy, où se mêlent fantasmagorie, vengeance et mythes fondateurs.

La chute de l’ange

L’île volante d’Avalon est l’habitat merveilleux de fées et autres êtres de légendes tout droit sortis de la mythologie celte. Protégée par une puissante magie, elle s’articule autour des fées gémellaires : des couples de fées jumelles, élevées ensemble jusqu’à être séparées par leur devoir envers Avalon. Brynn la guerrière et sa sœur la douce Aileen sont de celles-là. Comme dans chaque duo, une d’elles est vouée à travailler à maintenir la magie nécessaire à Avalon pour rester dans les airs ; l’autre, c’est Brynn, se consacre à la protection de sa jumelle et de ses compagnes. En effet, que l’une d’entre elles soit attaquée et vaincue, et l’équilibre de la cité serait rompu.

Mais voilà qu’éclate un jour la guerre des Hautes Landes. Brynn doit combattre au sol avec les alliés d’Avalon, et guerroie sans relâche au service de Dame Alya, pour qui elle doit capturer les âmes défuntes.

Seul, l’espoir de voir la douce Aileen l’aide à supporter la guerre : alors quand elle revient à Avalon pour trouver sa jumelle décédée au milieu des ruines de la cité, son choix est immédiat : elle reprendra l’âme d’Aileen, elle trahira la Dame Alya, quels que soient le prix à payer ou les dangers qui l’attendent…

Pas tout compris...

La BD en elle-même est assez complexe à définir : elle se veut assez proche des mythologies celtes, introduit des personnages et des sentiments passionnels, épiques, avec une bonne dose de manichéisme (les très gentils vs les très méchants), mais le tout n’est pas toujours assez clair. On se perd parfois dans l’histoire, parce que les auteurs prennent de trop nombreux raccourcis. On ne sait presque rien sur Avalon au final (si ce n’est que c’est une cité merveilleuse), ni sur la guerre des Hautes Landes, cause de tout le malheur de l’héroïne ; on ne comprend pas beaucoup plus le rôle réel d’Alya, d’abord présentée comme néfaste, puis comme intéressée à l’Homme…etc.

Tout ça est à double tranchants : sans montrer de réelle originalité compte tenu de l’inspiration celtique stricte (et du mythe d’Orphée), on garde tout de même une certaine dose de mystère et d’inconnu. Pour ma part, je trouve qu’il y a trop d’inconnues pour suivre vraiment la quête, puisqu’on n'en connaît pas les tenants et les aboutissants. J’espère donc voir le prochain tome expliciter un peu plus les enjeux, parce que le chagrin d’une petite fée orpheline, ça ne suffit pas toujours.

Même réserve pour les dessins : ils sont magnifiques, mais manquent parfois de caractère propre. Sans être aussi policés et convenus que d’autres albums de fantasy bienséante, ils ne collent pas toujours avec l’atmosphère plutôt lourde et oppressante de la BD. Je serais tenté de dire qu’il manque dans le trait une certaine violence pour être véritablement en adéquation avec le cadre narratif.

A suivre

Un album ambiguë donc, et pas toujours cohérent. Je le répète, tout est là pour faire une super BD, mais on oscille un peu trop entre la dark fantasy genre Chroniques de la  Lune Noire et la soft à la Lanfeust. L'album perd le lecteur en envoyant signaux et contre-signaux, et c’est dommage. Cela dit, même si c’est frustrant de passer à côté de l’excellent, ça reste une très bonne BD : les dessins sont très beaux, et l’histoire, sans être ultra originale, est assez bien traitée.

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