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S.O.S. Bonheur - L'Intégrale

Jean Van Hamme (Scénariste), Griffo (Dessinateur, Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/12/88  -  BD
ISBN : 2800126396
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Jerome   - le 20/09/2018

S.O.S. Bonheur - L'Intégrale

Griffo, Van Hamme. Avec ces deux noms, la série S.O.S. Bonheur comportait d'emblée un certain nombre de promesses. Publiée en 1988 et 1989 en trois tomes, ses auteurs ont aujourd'hui un CV bien rempli du côté de la BD et font partie des grands de ce milieu. Pour ne citer que quelques faits d'armes, on rappellera qu'on doit à Griffo les séries Giacomo C. avec Jean Dufaux, Cinjis Qan avec Patrick Cothias et dernièrement Vlad avec Swolfs. De son côté, Van Hamme peut se targuer d'avoir réalisé Thorgal, Les Maîtres de l'Orge, Le Grand Pouvoir du Chninkel, XIII, Epoxy, une demi-douzaine de volumes de Largo Winch et deux épisodes de Blake et Mortimer… Une liste tout simplement impressionnante.

L'origine de S.O.S. Bonheur remonte à 1984. Jean Van Hamme en avait d'abord écrit le scénario pour la télévision. Mais le récit d'un socialisme pas vraiment idéal dérangeait en plein mandat présidentiel de François Mitterrand en France. Du côté de la Belgique, la tournure politique de l'œuvre rendait un peu frileux… Privé de télé, S.O.S. Bonheur ressortira des cartons sous forme de série BD lorsque Griffo proposera ses services au journal Spirou. Le rédacteur en chef de l'époque a l'idée de génie d'associer les deux auteurs sur ce projet, dont le premier tome verra le jour en 1988.

Uniformisation sociale.

Découpé en trois tomes, les deux premiers de S.O.S. Bonheur rassemblent de petites histoires dans une société pas si éloignée de la nôtre. Seul changement, une volonté d'uniformisation à outrance, avec comme alibi le bien des concitoyens. Ici, c'est leur santé qu'on contrôle avec des amendes pour les fumeurs, là c'est l'obligation de passer des vacances en groupe avec les animateurs de l'Etat pour éviter les morts sur les routes, là encore c'est le pont d'or offert aux écrivains à condition qu'ils ne parlent pas des choses qui fâchent pour le gouvernement… A chaque fois, Van Hamme pousse la porte de l'absurde. Les héros sont en face de telles obligations qu'elles en deviennent obsolètes même lorsque c'est pour leur bien. Seules alternatives : la soumission ou la rébellion. Mais que deviennent alors ces exclus lorsqu'ils sortent du système ? La réponse ne vient que dans le troisième et dernier volume de S.O.S. Bonheur. Un tome où tout s'explique pour le meilleur et surtout pour le pire…

Une œuvre noire et un tantinet parano

S.O.S. Bonheur est une grande série. En tirant sur le fil du bien collectif apportant le malheur individuel, Van Hamme exploite le meilleur des possibilités de la science-fiction : nous faire réfléchir sur ce qui a les apparences du progrès. On comprend mieux qu'en 1984, la télévision n'en n'ait pas voulu. Et cerise sur le gâteau, ces rebelles ne sont pas tout blanc eux non plus. Une sorte de mise en garde ultime qui a le goût de la parano mais qui est salutaire pour éviter que la série ne soit taxée de simple révolte adolescente contre la " société ". Mise en image par Griffo, S.O.S. Bonheur est une œuvre qui n'a pas vraiment vieilli et dont la lecture reste indispensable.

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