Epoxy

Epoxy

Jean Van Hamme a écrit ses premiers scénarios de BD grâce à Paul Cuvelier. En effet, cet agrégé d'économie politique, ingénieur commercial, licencié en journalisme et en sciences financières travaillait pour le compte d'une multinationale lorsqu'il rencontre Cuvelier. Cet artiste peintre et dessinateur a créé la Bande dessinée Corentin, mais il est un peu lassé de mettre en scène des histoires destinées à un large public. Lorsque Van Hamme lui propose ses services, il lui fait part de ses vœux, un scénario dans lequel se mêleraient la culture antique et l'érotisme. Van Hamme s'exécute et en mai 1968 paraît sa première BD, Epoxy, dans l'indifférence quasi générale. On est loin encore du Van Hamme d'aujourd'hui et de ses " best seller " Thorgal ou XIII qui caracolent en tête des ventes. Van Hamme parviendra à convaincre Cuvelier de reprendre sa série Corentin dont il assurera le scénario de 1968 à 1973. Ce dernier abandonnera finalement la BD qui n'est pour lui qu'un travail alimentaire pour se consacrer entièrement à la peinture. Il meurt en 1978, la veille de sa première grande exposition de tableaux.

Offerte aux dieux...

La jolie Epoxy se promène seule sur son petit bateau lorsqu'elle est kidnappée par l'effroyable Koltar. Elle atterrit sur son navire entièrement dédié au plaisir. Un vieux Prophète est aussi présent et menace Koltar de subir un jour la colère des Dieux. Pour ne pas déplaire au Prophète, Koltar offre Epoxy aux Dieux. Un terrible orage se produit et cette-dernière se retrouve seule sur les bords d'une plage. Là, une jeune femme meurt dans ses bras tuée par les flèches des farouches Amazones. Epoxy est contrainte désormais d'errer, mais aussi de découvrir ce monde parallèle dans lequel vivent les Dieux.

Ca vaut le coup d'oeil

Ce premier album de Van Hamme, avant qu'il ne devienne le scénariste que l'on connaît, vaut le coup d'œil. Malgré quelques maladresses et lourdeurs, par exemple l'intervention de Koltar qui n'est justifiée que comme un " truc " scénaristique pour faire basculer l'histoire dans le fantastique, le scénario est bien construit. C'est un récit d'apprentissage que nous donne à lire Van Hamme, celui de la belle Epoxy faisant ses premiers pas dans un monde inconnu et mystérieux, celui de la sexualité. Les créatures mythologiques qu'elles rencontrent lui font découvrir des plaisirs nouveaux, comme le saphisme chez les Amazones. Après avoir fait la rencontre de nombreux héros antiques, l'initiation d'Epoxy se termine bien entendu aux Enfers, passage obligé de toute quête. Le dessin rend parfaitement ce conte " initiatique " plein de sensualité. Il y a une sorte de charme suranné devant le dévoilement de ces corps nus pourtant dessinés avec beaucoup de pudeur. On devine plus que l'on ne voit, et ce n'est pas le moindre des paradoxes pour une BD érotique. Cuvelier ne voulait certainement pas choquer, mais montrer toute la beauté du corps, surtout féminin. La Bande dessinée a été entièrement re-coloriée par Denoulet qui ne trahit pas l'ambiance et qui a su trouver la palette juste. Paru dans la collection " Signé " des Editions Le Lombard, cet album trouvera facilement sa place dans votre bibliothèque.