Sur la planète Weinunach, les Humains sont tolérés par les Cians, natifs de ce monde qui les a vu évoluer au fil des millénaires. En fait, les Terriens sont regroupés dans l'Enclave, n'ayant que très peu d'échanges avec cette race humanoïde. Débarqués sur cette planète à des fins commerciales et diplomatiques, éloignés de plusieurs centaines d'années lumières d'une Terre presque morte, transportés par une race qui maîtrise depuis des lustres l'hyper-propulsion, les hommes jadis si arrogants se voient confrontés à l'indifférence des espaces infinis. Ceux qui cohabitent avec les Cians vivent renfermés sur eux-mêmes. Car ces extraterrestres, si proches de l'humain morphologiquement parlant, gardent un comportement incompréhensible. Par exemple, malgré des siècles d'avance sur nous en génétique, ils semblent accuser un retard illogique sur les autres plans technologiques : pourquoi s'entêtent-ils à manier la charrue alors qu'ils pourraient voyager d'étoiles en étoiles s'ils dirigeaient leurs recherches en ce sens ?
Fruit d'une évolution différente de la nôtre, il n'est pas étonnant que la mentalité Cian nous reste hermétiquement close. Tout comme leur mode de reproduction, leur système de caste où la "femme" semble changer de statut au cours de sa vie. Enfant, elle n'est ni plus ni moins que la propriété du père, une fois mariée, elle appartient à son mari, mais une fois enceinte elle acquiert son identité propre et un rôle prépondérant dans la vie de la société.
Ainsi, certains voient l'occasion d'approfondir leur connaissance de cette race étrange lorsque Joseph - l'humain - commence à fréquenter Liraun - la Non-humaine. L'amour qui naît entre ces deux êtres qu'un univers aurait dû séparer ne cesse de croître malgré la pression sociale de leur groupe respectif. Joseph, rebelle, intégrera la société Cian sans vraiment la comprendre.
Excellent roman où le voile se dissipe petit à petit, L'Etrangère est une parabole sur la non-communication, que cela soit entre deux races étrangères séparées par une évolution de plusieurs millénaires ou, bien plus insidieux, l'incompréhension entre deux êtres qui s'aiment. Ce livre extrêmement riche dans ses descriptions (malgré sa taille réduite : à peine plus de 200 pages) possède la poésie de La Dame de cuir 1 pour l'amour impossible et la verve du Dramaturge de Yan 2 pour la description de la vie extraterrestre.
L'Etrangère transcende les genres, ce n'est pas seulement un magnifique roman de SF, c'est avant tout une tragédie du futur. Une réussite à conseiller à ceux qui dénigrent encore la SF 3