Je sais que ça va être dur mais imaginez deux secondes que vous viviez dans un monde où seule l'obligation de gagner votre vie vous pousse à vous lever le matin. Dans un tel monde, en rentrant le soir après avoir subi un chef acariâtre, vous être fait agresser à coups de sac à main par une vieille dans le métro et à coups de balai par votre concierge, qu'auriez vous envie de voir à la télé ? Du sang et du sexe bien sûr ! ! !
Cette conclusion que d'autres avaient tirée avant lui, Allan White, scénariste sans scrupule de Los Angeles décide de l'appliquer au pied de la lettre dans sa nouvelle série dont Le Mercenaire est personnage principal (ça tape mieux que Le Rebelle quand même …). Il y développe une philosophie de vie plutôt primaire : je bute tout ce que j'aime pas (et en général j'aime rien ni personne) et j'me tape sauvagement tout ce qui a des seins plus gros que les miens…
Ecrasant une à une les dernières barrières déjà frêles de la décence et du bon goût télévisuels, la série bat tous les records d'audience et permet à son auteur d'atteindre les sommets qu'il convoite depuis toujours. Parallèlement à ce succès grandissant, des connaissances d'Allan White commencent à disparaître.
Ce livre que l'on commence comme un exutoire (toute considération culturelle outrée mise à part, ça fait quand même du bien de voir exploser quelques cervelles), vous piège littéralement au fur et à mesure de votre lecture. Les scènes qui vous faisaient sournoisement sourire lorsqu'elles étaient extraites des scénarii, vous paraissent soudain difficilement supportables quand elles se répètent dans la réalité. Richard Christian Matheson, met progressivement en place une atmosphère malsaine, inquiétante, totalement maîtrisée et (pire que tout) tenace.
La clef de toute l'histoire (SF quand même, ne vous inquiétez pas…) qui ne nous est donnée qu'à la fin, mérite vraiment le détour et prouve qu'en plus de maîtriser parfaitement le suspense et les ambiances glauques, l'auteur parvient même à en tirer une habile réflexion sur le dangereux refoulement de nos instincts primaires au cœur des sociétés civilisées.
Cauchemar Cathodique est un très bon roman, à déconseiller cependant aux âmes sensibles et aux psychopathes en herbe...