Ca n'a l'air de rien et pourtant… La réédition de La voie du cygne de Laurent Kloetzer aux éditions Folio SF est un micro événement, de ceux qui n'intéressent que le petit milieu éditorial français et qui passent totalement inaperçus aux yeux du grand public. La raison ? Elle est simple : dans le grand fourre-tout de Folio SF, c'est en effet la première fois que les dirigeants de la collection vont piocher dans une " petite " maison d'édition française, Mnémos. Bilan, voilà notre Laurent Kloetzer aux côtés d'Asimov, Card, Zelazny et autre Dick. Ca n'a effectivement l'air de rien et pourtant on imagine sans peine que le garçon doit être content. Reste à savoir si cela inaugure une filière pour Folio SF ou pas. Seul l'avenir nous le dira.
Mobiles et alibis…
Pour en revenir au livre, La voie du signe a été publié une première fois en 1999. Second roman de l'auteur, l'intrigue se passe dans le même cadre que son premier ouvrage, Mémoire Vagabonde, un décor situé dans une renaissance imaginaire où les héros côtoient souvent une ambiance décadente et raffinée. Mais si son prédécesseur tenait du livre d'aventure, il en va autrement pour La voie du cygne. Ici, tout commence comme un polar. Tous les éléments sont réunis. Le détective : Jeophras Denio, inventeur un peu déjanté et obsédé par le vol jusqu'à ce que le prince de Dvern fasse de lui son limier pour résoudre une affaire délicate. La victime : Nério, cousin du prince déjà cité et dirigeant d'une puissante province voisine. La coupable désignée : Carline, la fille adoptive de notre inventeur. L'objectif de l'enquête : innocenter la jeune enfant et trouver le véritable meurtrier.
Car c'est un fait, notre héros est bien entendu persuadé que sa fille n'est pas coupable. Malheureusement sa personnalité, une républicaine convaincue doublée d'une véritable tête de cochon, lui donne un mobile idéal. Après tout, tuer un aristocrate aussi proche du pouvoir est un véritable symbole pour les amoureux de la république. L'affaire s'annonce donc délicate. D'autant plus que dans la décadence des princes de Dvern et leurs jeux subtils, le mystère est un véritable sac de nœuds. Comment Carline a-t-elle pu se retrouver mêler à un meurtre ? Qui est le véritable assassin ? Pourquoi ? Quelle était la nature des relations en la victime et son cousin ? Autant de questions qui vont faire sortir de sa réserve notre apprenti détective.
Un vrai petit bonheur…
En tournant la dernière page de La voie du cygne, on comprend très bien pourquoi les dirigeants de Folio SF l'ont choisi pour leur catalogue. Voilà un livre remarquablement maîtrisé, tant du niveau de l'intrigue que des personnages, attachants et fouillés. Mais surtout le brio avec lequel Laurent Kloetzer rend limpide cette histoire complexe à tiroirs a dû les enchanter. Pétri de qualités, La voie du cygne a tout d'un livre séduisant. Un vrai petit bonheur…