Réminiscences 2012
Après avoir donné dans le roman (Mémoire Vagabonde et La Voie du cygne, tous deux réédités depuis peu), Laurent Kloetzer se lance dans la nouvelle avec Réminiscences 2012 chez Nestiveqnen. Voilà une parution qui devrait faire plaisir à tous ceux qui attendaient ce recueil longtemps annoncé mais maintes fois reporté. A sa lecture, une première petite surprise les attend. Plutôt que de s'éparpiller, notre auteur a décidé de construire son recueil autour d'un même univers et d'un même héros en poursuivant une progression chronologique. Chaque nouvelle correspond à un mois de l'année 2012, de janvier à décembre.
Monsieur K l'antihéros…
Pas besoin d'être malin donc pour trouver que le recueil contient 12 nouvelles. A deux exceptions près, toutes mettent en scène les aventures de Monsieur K, antihéros par excellence, qui travaille en tant que flic privé pour une grosse multinationale. Son boulot : résoudre les petits soucis internes de vols et autres désagréments dans l'entreprise. Voilà qui n'est pas bien reluisant même si de temps en temps, on lui confie des enquêtes un peu plus importantes. Toujours est-il que Monsieur K ne se sent pas franchement à sa place. Il n'a pas l'âme d'un fonctionnaire tatillon qui pourrait se satisfaire de sa position. Quant à aller risquer sa peau pour telle ou telle affaire, la perspective ne l'emballe pas trop.
Reste que ce boulot le fait vivre et qu'en dehors, ce n'est pas beaucoup mieux. Le monde semble-t-il, est à l'agonie. Dans un environnement urbain démesuré et dégradé, un étrange virus s'attaque à tous les enfants avant quinze ans avec au bout de l'enfer une mort assurée. Terrible perspective : la jeunesse de l'humanité se meurt. Seule une consommation régulière d'acides peut arriver à repousser l'échéance finale en espérant un hypothétique vaccin. Mais le temps passe vite et tout en les préservant, la drogue transforme les enfants en loques humaines.
Avec peu d'amis et un tel cadre de vie, Monsieur K a quelques tendances à la mélancolie. Heureusement, pour l'aider dans ses enquêtes, il est assisté d'Alex, un jeune garçon plein d'entrain qui est venu s'incruster dans sa vie un beau matin de janvier 2012. Alex, c'est le compagnon du héros à la manière de Moorcock. Il a choisi celui qu'il veut suivre et l'accompagne dans toutes les missions difficiles, lui sauvant régulièrement la mise.
Une bonne surprise pleine de charme
Le décor planté, les nouvelles défilent toutes plus vite les unes que les autres. A cela une seule raison : on les dévore ! Entre enquêtes et filatures, on est séduit par les deux personnages de Laurent Kloetzer et surtout par cette ambiance teintée de tristesse et de poésie qu'il a su installer dans cet univers déprimant. C'est dire si Réminiscences 2012 a du charme. De leur côté, les nouvelles sont assez variées pour que l'on ne s'ennuie pas. Même si l'élément policier est souvent présent (après tout, Monsieur K est flic), Laurent Kloetzer a su introduire d'autres thématiques en guise de respiration, que ce soit par un élément fantastique différent (comme par exemple la nouvelle Know sur les vampires), ou par un changement de narrateur (Alex a le droit à deux nouvelles biographiques bourrées d'action rien que pour lui). Mais surtout, quelques références et autres délires hallucinés se sont glissés pour notre plus grand plaisir dans son manuscrit. On retrouvera donc avec une certaine jubilation l'évocation des Beatles dans la forêt de Tom Bombadil, Amundsen et son groupe de musique (un personnage de Jean-Claude Dunyach) ainsi que de petites touches rappelant son premier roman Mémoire Vagabonde et son univers.
Ambiance particulière, personnages attachants, narration agréable, références… toutes ces qualités font de Réminiscences 2012 un très bon recueil de nouvelles. Une bonne surprise en plein été.