Catherine Dufour est-elle la nouvelle Terry Pratchett française ? La comparaison est osée et pourtant cette jeune auteur marche sans contestation possible sur ses pas. Il y a quelques mois, elle a fait une entrée fracassante dans le tout petit monde de la fantasy délirante avec son premier livre Blanche Neige et les lances-missiles. La voilà donc qui récidive avec une imagination débridée qui a fait le succès de son homologue britannique. Comme Pratchett elle s'amuse d'un rien et sait s'enfoncer dans les couches les plus profondes de l'absurde pour en tirer de quoi rire. Comme lui, elle a un regard satirique et moqueur sur notre société. Et ce n'est pas l'utilisation de la Mort comme personnage qui contredira la comparaison (même si ici elle l'appelle l'Ankou et que le personnage est beaucoup moins sympathique que sur le Disque-Monde). Pour le reste on dira que l'élève n'a sans doute pas encore dépassé le maître pour les raisons que nous évoquerons plus bas. Néanmoins, elle semble partit pour nous faire rire et on ne s'en plaindra pas.
L'Ankou et Bill Guette en colère
Pour le second tome de son cycle Quand les dieux buvaient, Catherine Dufour a décidé de s'attaquer au web et au royaume des morts. Car sans que nous autres, pauvres humains, nous ne nous en soyons rendus compte, l'arrivée du télégramme pose de sérieux problème à l'Ankou, la mort. Enfin, disons plutôt qu'elle offre une planche de salut inespérée à l'âme des mourants. Au lieu d'être débités en morceaux par la faux de l'Ankou, les fantômes peuvent se réfugier dans les fils électriques. Mieux, depuis l'apparition d'internet, ils se sont mis à hanter les entrailles du web, participant à des forums de discussion, créant leurs propres sites, ayant finalement de véritables échanges avec les vivants. Mais la sécurité de leur refuge est menacée. Le grand méchant Bille Guette a une dent contre tous les spectres et il a un plan diabolique pour les éliminer d'internet…
Un grand éclat de rire
Mélangé à un Père Noël dépressif, à des fées réfugiées au bois de Boulogne, à une auteur de jeux de rôles et aux plaisirs de l'informatique, L'Ivresse des providers est un livre touffu qui donne parfois le tournis. Pas toujours facile de se repérer dans ses 239 pages de pur délire. Mais il faut avouer que lorsque l'on s'y retrouve, on rigole franchement. Gommé les quelques maladresses qui hantent le livre et les disgréssions drôles mais parfois un peu longues, Catherine Dufour a commis là un livre agréable qui sans être un chef d'œuvre est sans doute plus réussi que le premier (beaucoup plus confus que celui-ci). Pour un grand éclat de rire...